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Grand Angle

Etats-Unis : Un rapport alerte sur les restrictions religieuses imposées aux détenus musulmans

Sur la base de données émanant de plusieurs établissements pénitentiaires américains, l’ONG Muslim Advocates s’inquiète des restrictions que subissent les détenus musulmans, notamment en termes de régime alimentaire et de pratiques cultuelles.

Publié
La prison fédérale de El Reno, près d'Oklahoma City, en juillet 2015 lors d'une visite de Barack Obama. / Ph. Kevin Lamarque – Reuters
Temps de lecture: 3'

Surreprésentation des femmes musulmanes dans les prisons américaines ; augmentation croissante du nombre de détenus musulmans dans les prisons de la plupart des Etats américains ; ségrégation administrative et privation du libre exercice du culte en guise de punition… Dans son dernier rapport publié jeudi 25 juillet, l’ONG Muslim Advocates passe au crible plusieurs faits et dysfonctionnements recensés dans les centres de détention américains concernant les détenus musulmans.

Intitulé «Réaliser la promesse d’un exercice libre pour tous : l’hébergement des prisonniers musulmans dans les prisons d’État», le rapport s’appuie sur des données inédites issues des dossiers d’archives réclamés par Muslim Advocates auprès des 50 États américains, et sur une analyse de plus de 160 procès récents concernant des prisonniers musulmans.

Forte présence de femmes musulmanes dans les prisons américaines

Premier constat : les musulmans sont surreprésentés au sein des prisons américaines. Ils représentent 9% du total de la population carcérale. En Pennsylvanie, dans le Maryland, dans le New Jersey et en Californie, la proportion de prisonniers musulmans est d’environ 20% ou plus. «La présence importante de musulmans en prison contraste avec la part des musulmans dans la population américaine dans son ensemble, qui n’est que de 1%», souligne le rapport. Les données recueillies par l’ONG montrent également que dans de nombreux États, la proportion de musulmans incarcérés ou leur nombre absolu est en augmentation. Une tendance qui surprend, estime Muslim Advocates, «la population carcérale dans son ensemble ayant diminué ces dernières années dans de nombreux États, en partie à cause des efforts déployés par les États pour lutter contre l’incarcération de masse».

Si la plupart des détenus musulmans sont des hommes, les femmes de confession musulmane sont également présentes en nombre important dans les prisons d’État. En Pennsylvanie, environ 8% des femmes détenues s’identifient comme musulmanes. Au Texas et au Wisconsin les femmes musulmanes représentent plus de 2,5% des femmes détenues. De plus, les données relatives à l’État du Kansas suggèrent que le nombre de femmes musulmanes en prison augmente de façon spectaculaire : il a été multiplié par trois en seulement huit ans dans cet État.

Des détenus restreints dans leur pratique du culte

Le rapport de Muslim Advocates relève par ailleurs que les prisonniers musulmans font état de problèmes d’accommodement, le plus fréquent à faire l’objet de poursuites pénales étant la difficulté de bénéficier d’un régime alimentaire adapté. Plus de 39% des 163 cas recensés concernaient des problèmes alimentaires. «Certains détenus musulmans estiment qu’ils peuvent accepter les repas certifiés casher, les considérant suffisamment similaires aux repas certifiés halal. Cependant, ces prisonniers ont souvent des difficultés à obtenir de la nourriture casher. Des agents de correction des Etats de Floride et de New York auraient interdit aux détenus musulmans des repas casher parce qu’ils n’étaient pas juifs, bien qu’il n’y ait pas d’option halal disponible», souligne le rapport.

Les obstacles à la prière et à la pratique du culte sont le deuxième motif de plainte le plus courant auprès des prisonniers musulmans. 57 des 163 cas recensés par l’ONG, soit 35%, concernaient des restrictions à la possibilité de prier. Dans l’un des établissements pénitentiaires passés au crible par l’ONG, il était par exemple interdit aux détenus musulmans de prier à l’intérieur de la chapelle, alors que d’autres groupes religieux étaient autorisés à le faire. Ils étaient donc contraints de prier à l’extérieur du bâtiment, «dans des conditions météorologiques extrêmes, notamment le froid, la neige et la pluie». Dans un autre cas, une prison a interdit la prière dans sa salle de séjour et a envoyé un détenu en isolement préventif alors qu’il tentait de prier avec d’autres. Enfin, dans un troisième cas, la prison a interdit la prière dans la cour extérieure. Une maison d’arrêt est même allée jusqu’à interdire aux détenus musulmans de prier dans leurs propres cellules. 

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