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Grand Angle

Biodiversité et menaces : Le Maroc appelé à poursuivre ses efforts

La Stratégie et le Plan d’action national biodiversité du Maroc ont été passés au crible par les experts écologues de Biotope Ingénierie Biodiversité. La copie, présentée en préparation à l’élaboration de la cinquième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5), ne tarit pas d’éloges.

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Le lac d'Ifni, l'un des plus grands lacs de montagne au Maroc. / Photo d'illustration
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En attendant la COP 15 - biodiversité, qui se déroulera en octobre prochain à Kunming en Chine, le Maroc a déjà élaboré son sixième rapport national sur la question, réalisé par le bureau Biotope Ingénierie Biodiversité (BIB). Selon le média Afrik 21 qui s’est intéressé à ce document, la copie du Maroc est publiée depuis un mois sur la Plateforme de la convention sur la diversité biologique (CDB).

Son objectif est d’évaluer la Stratégie et le Plan d’action national biodiversité (SPANB – 2016-2020), en particulier les 159 mesures pour atteindre les 26 objectifs nationaux déclarés. Pour chacun d’entre elles, l’équipe de Biotope a diagnostiqué l’état d’avancement et le résultat, en identifiant les besoins et contraintes futurs, pour fournir des pistes d’amélioration.

Des efforts du royaume pour préserver sa biodiversité

Il en ressort que la volonté de la mise en œuvre de la SPANB, qui ambitionne de faire de la biodiversité du Maroc un pilier du développement durable, se traduit par les 159 actions préconisées pour la conservation de la biodiversité qui la composent. Ces actions ont pour but de renforcer les connaissances sur la biodiversité et la coordination entre les différents acteurs.

Ainsi, «l’état d’avancement de la SPANB permet d’affirmer que 37 des 159 actions préconisées sont considérées comme efficaces (soit environ 23%) et que 92 sur 159 sont en partie efficaces (soit 58%)», indique le rapport. Pour ses rédacteurs, cela «atteste des efforts de mise en œuvre de la stratégie».

Ouirgane, près de Marrakech. / Ph. DROuirgane, près de Marrakech. / Ph. DR

Cependant, certains points d’amélioration ont été identifiés pour la mise en œuvre complète de la SPANB, d’ici à 2020. «On note par exemple un manque de données ou d’indicateurs, pour correctement évaluer certaines des actions préconisées. D’autres, affichent des résultats positifs, mais présentent un certain retard vis-à-vis des objectifs fixés pour 2020», estiment les membres de la filiale marocaine de l’entreprise Biotope, qui réunit une large équipe d’écologues.

Le rapport ne manque pas d’énumérer toutefois les réalisations et les actions du Maroc. L’occasion de citer les objectifs du Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD). «Depuis le Sommet de Rio (1992), 154 sites d'Intérêt biologique et écologique ont été identifiés, couvrant 2 500 000 hectares d’écosystèmes continentaux, côtiers et de zones humides. Dix parcs nationaux ont été créés, 26 zones humides classées ‘site Ramsar’ et quatre réserves de biosphère mises en place», rappelle-t-on.

BIB, qui reconnaît les efforts importants du Maroc en faveur de la biodiversité, ne manque pas d’émettre des recommandations. Elle suggère ainsi de renforcer et d’appliquer le cadre législatif et juridique, la gouvernance, ou d’intégrer les problématiques de biodiversité dans les politiques sectorielles, entre autres.

Biodiversité, état des lieux et menaces

Le document revient notamment sur les menaces auxquelles se confronte la biodiversité au Maroc. Il rappelle que cette dernière comprend 24 602 espèces animales et 8 371 végétales, avec un taux d'endémisme élevé parmi les pays méditerranéens (20% pour les plantes vasculaires, 11% pour la faune).

Au Maroc, les écosystèmes forestiers et marins sont très riches. Les écosystèmes désertiques offrent 750 espèces végétales (dont 60 sont endémiques), 650 invertébrés (la plupart endémiques), plus de 250 types d’oiseaux et au moins 40 mammifères parmi les plus menacés dans le pays. Enfin, les écosystèmes agricoles répartis sur 8,7 millions d’hectares offrent un riche éventail de races locales.

Des gazelles Dorcas. / IllustrationDes gazelles Dorcas. / Illustration

Cependant, «la tendance générale au Maroc démontre une dégradation de la biodiversité. Actuellement, plus de 600 espèces en danger ont été identifiées à travers le pays», poursuit le document.

«Des quelques 8 371 espèces composant la flore marocaine, une étude nationale sur la biodiversité estime que 1 700 sont rares et/ou menacées, représentant une perte potentielle de la diversité végétale de 24%. Un déclin de la biodiversité est observable dans tous les écosystèmes.»

Sixième rapport national sur la biodiversité

Reconnaissant que ces menaces découlent surtout de l’activité humaine, le document ajoute que les principales formes de dégradation affectant la biodiversité nationale sont les pressions anthropiques (urbanisation, pollutions domestiques et industrielles), le développement de l’agriculture favorisant la déforestation ou encore les effets naturels comme la désertification.

Enfin, le changement climatique qui accentue de plus en plus les pressions sur l’environnement ou encore la rareté de l’eau et ses conséquences sont l’une des grandes menaces sur la biodiversité nationale.

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