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Grand Angle

Or marocain maquillé en argent : EY sommé de fournir des documents supplémentaires

La justice britannique a ordonné à une filiale d'Ernst & Young (EY) de fournir plus de documents concernant un audit réalisé pour le compte du raffineur d’or Kaloti. Ce dernier est accusé, par un ancien consultant d’EY d’avoir importé de l’or du Maroc en le faisant passer pour de l’argent.

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Photo d'illustration. / Ph. DR
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Un juge londonien a ordonné vendredi à une unité d'Ernst & Young (EY), l'un des plus importants cabinets d'audit financier et de conseil au monde, de rechercher des documents supplémentaires dans une poursuite de dénonciation.

Selon le média Law360, un service américain d'informations juridiques, le juge suppléant de la Haute Cour, Gavin Mansfield a donné raison à l'accusation selon laquelle EY aurait «supprimé les conclusions d'audit compromettantes d'une société aurifère de Dubaï».

La décision rendue donne, en effet, raison au requérant, Amjad Rihan. Cet ancien associé d'un bureau d'EY au Moyen-Orient avait confié à la cour qu'il craignait que des documents ne soient détruits. Le juge a également donné raison à la demande d’information de Rihan concernant les politiques de conservation des documents d’EY, poursuit le média.

Le groupe Kaloti, raffineur d’or et d’autres métaux précieux basé à Dubaï, a engagé EY Dubai début 2013 pour effectuer un audit afin de confirmer ses pratiques en matière d’approvisionnement responsable en or. Il voulait ainsi se conformer à l’exigence d’accréditation du titre du Dubai Multi Commodities Center, une entité gouvernementale.

De l’or peint à l’argent pour trafic illégal depuis le Maroc

Amjad Rihan a déclaré qu'il dirigeait l'équipe d'audit ayant découvert que Kaloti avait importé du Maroc plus de 200 millions de dollars d'or… recouvert d'argent. Il avait ajouté que cet or aurait été déclaré comme de l’argent aux autorités marocaines, mais qu’auprès des autorités émiraties, Kaloti avait reconnu qu’il s’agissait d’or. Une manière de contourner les restrictions imposées par le royaume sur le métal jaune.

Son équipe aurait également conclu que la société avait effectué des transactions en espèces d’un montant de 5,6 milliards de dollars, sans que les autorités de Dubaï et des Émirats arabes unis en aient été informées, selon le procès.

Mais les accusés, parmi lesquels Ernst & Young Global Ltd., et plusieurs unités régionales, n’auraient jamais signalé ces soupçons de blanchiment d’argent et de conflit d’or aux autorités, a déclaré Amjad Rihan. Celui-ci avait affirmé avoir «exprimé ses inquiétudes aux supérieurs hiérarchiques d'EY, qui n'ont rien fait», puis démissionné après avoir quitté Dubaï.

A Londres, il avait ainsi décidé de poursuivre EY, l’accusant d’avoir «enfreint une obligation d'enquêter et de répondre à ses préoccupations, selon le common law», des accusations que le cabinet de conseil nie. L’avocat des accusés d'EY, Daniel Toledano a déclaré jeudi qu'aucune ordonnance n'était nécessaire car ses clients avaient déjà accepté deux des demandes et enquêtaient sur la disponibilité des documents pour les deux autres.

Pour sa part, le raffineur Kaloti avait assuré qu’«il n’y a absolument aucune preuve que Kaloti ait falsifié des documents». «Dans son rapport d'audit, E & Y a clairement indiqué que ses conclusions étaient liées à une documentation inadéquate dans la chaîne d'approvisionnement», précise la compagnie qui assure disposer de documents attestant que son importation, depuis le Maroc, «était de l'or marocain».

Le procès, ayant débuté fin 2014 avec le recours déposé par l’ancien consulat d’EY, devrait avoir lieu en janvier 2020. Des sources judiciaires avaient affirmé l’année dernière au Desk que le Maroc collabore avec la Grande-Bretagne concernant cette affaire.

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