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Grand Angle

France : L’INED se penche sur l’impact des femmes immigrées sur le taux de fécondité

Trois chercheurs de l’Institut national d’études démographiques relativisent l’idée selon laquelle le taux élevé de fécondité en France est fortement impulsé par l’immigration.

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Photo d’illustration. / Ph. Alexandre Marchi / Photo PQR / L’Est républicain / MAXPPP
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Les femmes immigrées sont-elles à l’origine de la forte fécondité recensée en France – la plus élevée d’Europe ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre trois chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (INED) dans une étude intitulée «La France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées ?», publiée mercredi 10 juillet.

«Laissons de côté les aspects idéologiques pour nous limiter aux faits», préviennent d’emblée Sabrina Volant, Gilles Pison et François Héran, en référence à l’idée, très répandue, que le taux élevé de fécondité en France (1,88 enfant en moyenne par femme en 2017) est fortement impulsé par l’immigration.

Sur la base des dernières dates de recensement, l’étude souligne que près d’une naissance sur cinq en 2017 (19%) était de mère immigrée (soit 143 000 sur 760 000), contre 16% en 2009. Et révèle que si l’immigration contribue «fortement» aux naissances, elle participe en revanche «faiblement» au taux de fécondité.

La fécondité des immigrées varie selon le pays de naissance

Les auteurs donnent un exemple pour mieux saisir la nuance : «Imaginons 75 femmes non immigrées (natives) et 25 immigrées, avec une moyenne identique de deux enfants par femme dans les deux groupes. Les immigrées contribueront aux naissances dans une proportion de 25 %, mais sans rien modifier au taux de fécondité. Leur contribution à la natalité tient simplement au fait qu’elles représentent 25% des mères.»

Les femmes immigrées ne contribuent donc pas forcément au taux de fécondité du pays d’accueil au prorata des naissances, corrigent les auteurs de l’étude. L’explication tient dans le fait que «pour que les immigrées contribuent fortement au taux de fécondité et pas seulement aux naissances, il faut à la fois qu’elles représentent une fraction importante des mères et que leur fécondité soit très supérieure à la moyenne».

En 2017, les natives et les immigrées avaient respectivement 1,8 et 2,6 enfants, soit un écart de 0,8 enfant, d’après le recensement. «Cette impression que les immigrées ont beaucoup plus d’enfants n’est donc qu’une impression», commente le chercheur auprès du journal Le Monde, qui était parvenu aux mêmes conclusions dans une étude menée il y a douze ans.

L’étude souligne également que la fécondité des immigrées varie selon le pays de naissance : «Avec environ 3,5 enfants par femme, les immigrées originaires du Maghreb ont le taux de fécondité le plus élevé. Celui des immigrées nées en Afrique subsaharienne ou en Turquie avoisine trois enfants (respectivement 2,91 et 3,12).» Quant à la fécondité des immigrées nées en Europe ou dans les autres régions du monde, elle se rapproche de la moyenne nationale, soit environ 2 enfants par femme.

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