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Grand Angle

Les inégalités salariales plus accentuées au Maroc que chez ses voisins maghrébins [OIT]  

Au Maroc, le pourcentage du revenu du travail revenant aux 10% des travailleurs les plus riches a été de 44,69% en 2017, un indicateur des inégalités qui reste le deuxième plus élevé au Maghreb. C’est ce qui ressort du Labour Income Share and Distribution dataset» publié par l’Organisation internationale du travail (OIT).

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Photo d'illustration. / Ph. DR
Temps de lecture: 3'

L’Organisation internationale du travail (OIT) a dévoilé, la semaine dernière, son «Labour Income Share and Distribution dataset». Fichier de données relatives à la part du revenu allouée au travail et sa répartition, le document est élaboré par le département de statistique de l’OIT et contient des données en provenance de 189 pays, dont le Maroc.

Ainsi, l'évolution de la part du revenu du travail au Maroc révèle que la variation de la part du revenu du travail dans le PIB (le pourcentage du revenu total revenant aux travailleurs plutôt qu’au capital), entre 2004 et 2016, a été de -3,4%.

Dans le détail, le rapport explique que la part du revenu du travail dans le PIB dans le royaume a baissé de 49,1% enregistré en 2005 à 43,5% en 2017. L’analyse de ces variations montre que ce pourcentage a toutefois connu plusieurs fluctuations, notamment avec des augmentations en 2009 (44%) puis en 2011 (45,7%) avant de s’inscrire dans une tendance baissière à partir de 2015.

De plus, toujours selon les données de l’OIT, le pourcentage du revenu du travail revenant aux 10% des travailleurs les plus riches au Maroc a été de 44,69% en 2017. «Cette mesure est un indicateur utile des inégalités, car si tous les travailleurs gagnaient la même chose, les 10% les mieux rémunérés ne toucheraient que 10%, explique le rapport. En revanche, si seuls les travailleurs les plus riches étaient payés, la part des 10% serait de 100%.» Ceci dit, les pays proches de 10% connaissent ainsi une égalité parfaite, tandis que ceux proches de 100% connaissent une inégalité de rémunération.

Le Maroc plus inégalitaire que l'Algérie et la Tunisie

En comparaison aux autres pays du Maghreb, le pourcentage du revenu du travail revenant aux 10% des travailleurs les plus riches a été, en 2017, de 38,8% en Algérie, 38,2% en Tunisie, 46,4% en Mauritanie et 33,9% en Libye. Ainsi, il s’avère que le Maroc est le deuxième pays le plus inégalitaire en termes de revenus au Maghreb, derrière la Mauritanie et devant l’Algérie, la Tunisie et la Libye.

Les données de l’OIT montrent aussi que la part du revenu du travail dans le PIB en Algérie est restée stable entre 2004 et 2016, tandis qu’en Tunisie, la variation de cette part dans le PIB tunisien s’est inscrit dans une tendance haussière, évoluant par +2,3%. A l’image du Maroc, la part du revendu du travail dans le PIB mauritanien a baissé de 0,3% alors qu’elle a augmenté de 0,3% pour la Libye.

Globalement, la moyenne mondiale a été de -2,3% entre 2004 et 2016, pour cet indicateur, poursuit le rapport, qui constate qu’à l’échelle mondiale, la part du revenu national allouée aux travailleurs diminue, passant de 53,7% en 2004 à 51,4% en 2017.

Le document révèle aussi que «dix pour cent des travailleurs perçoivent 48,9% du total des rémunérations mondiales, tandis que les 50% de travailleurs les moins bien rémunérés n’en touchent que 6,4%».

«Les 20% de travailleurs qui ont les plus faibles revenus – environ 650 millions de travailleurs – gagnent moins de 1% des revenus du travail à l’échelle mondiale, un chiffre quasiment inchangé en 13 ans», déplorent ses rédacteurs. Ces derniers estiment que les inégalités globales des revenus du travail à l’échelle mondiale ont reculé depuis 2004, non pas grâce à la réduction des inégalités au sein des pays, car les inégalités salariales continuent même d’augmenter, mais «plutôt par la prospérité grandissante dans les vastes économies émergentes, à savoir la Chine et l’Inde».

«Les données montrent que les augmentations des plus hauts revenus du travail s’accompagnent de pertes pour tous les autres, les travailleurs de la classe moyenne et ceux qui touchent les plus bas salaires voyant leur part de revenu reculer», affirme Steven Kapsos, chef de l’Unité de la production et de l’analyse des données de l’OIT, cité dans le rapport.

Article modifié le 09/07/2019 à 19h31

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