Le Maroc attend toujours la formation du nouveau gouvernement, plus d’un mois après les législatives du 25 novembre dernier. Les leaders du PJD l’avaient annoncée pour la fin de la semaine qui vient de s’écouler. Le chef du gouvernement désigné, Benkirane, indiquait, samedi 24 décembre, qu’elle «n’allait pas tarder». Trois jours après, toujours rien, et l’attente commence à être longue.
Au même moment, on assiste à une ambiance «chaotique» dans certaines administrations publiques. «Personne ne bosse ici», nous confirme une chargée de Communication dans un grand ministère à Rabat. D’ailleurs, 10 ministres du gouvernement sortant ont présenté leur démission vendredi, histoire de ne pas perdre leur mandat de député, un mois après leur élection, conformément à la loi.
Après Midelt, Ifrane ?
Au niveau des partis de la majorité, personne n’ose s’aventurer à donner une date pour la nomination des ministres de Benkirane. Si Nabil Benabdallah, SG du PPS, s’empresse à répondre qu’il «ne fai[t] aucune déclaration» à ce sujet, Saâd Eddine El Othmani, président du Conseil national du PJD avoue que «les choses sont à 90% entre les mains du Palais» (lire l’interview). Ailleurs, c’est silence radio ! A part certaines indiscrétions, selon lesquelles, la ville d’Ifrane se prépare activement à accueillir un grand événement qui pourrait être la réception par le roi des nouveaux ministres.
Chantage de l’Istiqlal ?
L’accouchement est-il retardé par les «retouches minimes» effectuées par le Palais sur la structure du gouvernement proposée par Benkirane ou plutôt par les premières frictions apparues entre alliés gouvernementaux ? En tout cas, l’Istiqlal a surpris plus d’un dimanche en menaçant d’apporter un soutien critique au gouvernement sans en être le membre s’il ne gardait pas le ministère de l’Equipement et du Transport. Selon plusieurs analystes, il ne s’agit là que d’une manœuvre politicienne pour faire pression sur Benkirane. Le leader des islamistes, politicien madré, n’est pas né de la dernière goutte de pluie…
Le partage des nouveaux amis
S’agissant de la répartition des portefeuilles, des figures du PJD confirment que le gouvernement sera constitué de 28 ministères, sous la conduite de Benkirane. Les islamistes conservent des postes clefs tels les Affaires étrangères (où El Othmani est «nominé»), la Justice (Mustapha Ramid), l’Economie et des Finances (Najib Boulif), Affaires générales (Aziz Rabah), Relations avec le Parlement (Lahbib Choubani), Enseignement supérieur (Lahcen Daoudi), Culture et Communication (Musthapha El Khalfi) et Développement social et de la Famille (Bassima Hakkaoui).
Au total, le PJD s’octroie 11 ministères, 6 pour l’Istiqlal (Commerce, d’industrie et des nouvelles technologies ; Agriculture et pêches maritimes ; Jeunesse et Sports, Education nationale…). Le MP, rafle 4 ministères (Intérieur ; Tourisme ; Energie, mines et eau ; Modernisation des secteurs publics) et 4 également pour les PPS (dont Habitat, Santé et MRE). A noter que pour le moment, seules 3 femmes figurent dans l’équipe du capitaine Benkirane, dont une issue de sa formation.