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Grand Angle

Maroc : La grève des étudiants médecins s’étend au corps enseignant après la suspension de professeurs

Après la mise à pieds de trois de leurs collègues accusés par le ministre de tutelle de motiver les étudiants médecins à boycotter les examens, les professeurs ne décolèrent pas. Ils envisagent même de nouvelles démarches de mobilisation, après avoir lancé un appel entendu par les professionnels du secteur de la santé, public comme libéral.

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Faculté de médecine et de pharmacie à Marrakech / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

A la suite de la suspension de trois professeurs de facultés de médecine et de pharmacie (Casablanca, Marrakech et Agadir), le bureau local du Syndicat national de l’enseignement supérieur à Marrakech a appelé l’ensemble des enseignants de la faculté de médecine de la ville à suspendre leurs activités pédagogiques et administratives jusqu’à la levée de la mise à pied décidée contre leurs collègues. La décision a été prise ce mercredi soir à l’issue d’une assemblée qui les a réunis depuis ce matin.

Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, le syndicat explique en effet suspendre unanimement toutes leurs activités au sein de l’Université de Marrakech, notamment la tenue des examens, les examens de spécialités et les soutenances. Ils soulignent qu’ils discuteront encore de l’extension de cette suspension à leur exercice hospitalier au sein des CHU et appellent à une réunion urgente du doyen de la faculté de médecine avec le Conseil pédagogique et scientifique.

Les enseignants appellent enfin tous leurs collègues à rejoindre ce mouvement ainsi que les mobilisations qui seront prochainement annoncées. Cette démarche est entreprise alors que les trois enseignants mis à pieds ont été accusés par le ministère de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de motiver les étudiants médecins à mener leur grève en protestation contre l’ouverture des concours de la fonction publique aux lauréats des facultés de médecine privées, alors que ces derniers doivent être affectés à des CHU privés dont la création devait accompagner celle de ces établissements.

Commentant les accusations du ministre Saïd Amzazi à propos du boycott des examens par les enseignants, Youssef Najeb, professeur à la faculté de médecine de Marrakech, affirme à Yabiladi que «ces allégations sont fausses», que «les enseignants de l’établissements ont fait acte de présence depuis le début» des partiels et qu’«accuser un enseignant d’inciter les étudiants à la fronde en le pénalisant sur cette base était infondé».

Le secteur libéral se joint à l’appel des enseignants

L’appel du corps enseignant après celui des étudiants se généralise désormais. En effet, il a même été entendu par le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL). Dans un communiqué également parvenu à Yabiladi, celui-ci dénonce la démarche du ministre Saïd Amzazi en la considérant comme une «intimidation» et «une répression» dont l’objectif est de «faire taire le corps enseignant et les défenseurs du service public de la santé».

Ainsi, le SNMSL dit approuver «toutes les décisions qui seront prises par le Syndicat national de l’enseignement supérieur au sujet de ce dossier» et annonce sa solidarité dans ce sens ainsi que son alignement sur les démarches des professeurs, tout en exprimant sa stupéfaction de l’attitude d’Amzazi.

«Connaissant les compétences des professeurs visés par la décision de Saïd Amzazi, il faut dire que celle-ci n’a pas été prise à cause de manquements avérés», tranchent les médecins libéraux, ajoutant qu’il s’agit là d’un «moyen de pression pour faire reculer les enseignants sur leur combat pour le service public de la santé» et les étudiants sur «leurs revendications justes».

Les professeurs visés par la mesure d’Amzazi sont Ahmed Belhous, également représentant du syndicat enseignant à la faculté de médecine de Casablanca, Ismaël Ramouz (Agadir) et Saïd Amal. Au lendemain du boycott des examens par les étudiants à hauteur de 100% à l’échelle nationale, ils se sont vus notifier par écrit leur mise à pieds accompagnée d’une privation de salaire, en attendant leur comparution en conseil disciplinaire.

Article modifié le 13/06/2019 à 11h21

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