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Grand Angle

La «Charte de La Mecque» : Les valeurs de l’islam modéré au service de l’agenda politique

Dans une démonstration de son influence religieuse, l’Arabie saoudite a réuni plus de 1 200 érudits musulmans pour signer une «Charte de La Mecque». Un document qui prône un islam modéré et l’ouverture sur l’autre.  

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Plus de 1 200 érudits se sont réunis lors de cette conférence internationale des religieux musulmans. / DR
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A la veille des sommets de la Ligue arabe et de l’Organisation de la Coopération islamique, La Mecque a accueilli une conférence internationale des religieux musulmans. Plus de 1 200 érudits en provenance d’une centaine de pays, selon l’agence de presse saoudienne, se sont réunis dans la ville sainte pour y célébrer les valeurs de l’islam du juste milieu. Un thème si cher aux nouvelles autorités saoudiennes.

L’évènement, organisé par la Ligue islamique mondiale, très proche du régime wahhabite à Ryad et notamment du prince héritier Mohamed Ben Salman, a connu la participation d’un haut représentant de l’islam officiel au Maroc. Il s’agit de Mohamed Abbadi, le secrétaire général de la «Rabita Mohammedia des oulémas».

Les travaux du congrès en Arabie saoudite ont été sanctionnés par la publication de la «Charte de La Mecque». Un document établissant les valeurs de la coexistence entre les adeptes des religions.

Une Charte et des objectifs politiques

Les signataires de la Charte se disent en effet «partie intégrante de ce monde dans son interaction culturelle, cherchant à communiquer avec tous ses composants au profit de l’intérêt de l’humanité, à promouvoir ses valeurs nobles, à construire des ponts d’amour et d’harmonie humaine, à lutter contre les pratiques de l’injustice, des clashs des civilisations et des inconvénients de la haine».

Cet appel à la tolérance et à l’acceptation de l’autre, à l’initiative de la Ligue islamique mondiale (LIM), s’inscrit dans un contexte marqué par la guerre d’influence dans le monde musulman à laquelle se livre l’organisation avec l’Union internationale des oulémas musulmans, proche des Frères musulmans et du Qatar.

Les deux instances veulent s’imposer comme le seul représentant de la communauté des érudits musulmans. La LIM rencontre traditionnellement du succès dans les rangs des oulémas proches des pouvoirs dans les Etats islamiques. En revanche, l’Union est très populaire parmi les religieux qui s’opposent frontalement aux gouvernements ou à ceux ayant pris leurs distances avec eux. Le cas du Marocain Ahmed Raissouni est, d’ailleurs, assez représentatif de la seconde catégorie.

La signature de la Charte de La Mecque a été précédée par une ouverture de la Ligue islamique mondiale sur des organisations juives. Son secrétaire général, Mohammad Abdulkarim Al-Issa a cosigné, début mai, avec le président du Comité juif américain, un mémorandum qui «codifie l’engagement des deux institutions mondiales à développer la compréhension et la coopération entre musulmans et juifs contre le racisme et l’extrémisme sous toutes ses formes», indique The Times Of Israel.

Le Saoudien a également affirmé son intention de se rendre à la commémoration du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz en janvier 2020. «Je crois qu’en rendant hommage aux victimes d’Auschwitz, j’encouragerai des musulmans et des non-musulmans à soutenir le respect mutuel, la compréhension et la diversité», a déclaré Abdulkarim Al-Issa.

Article modifié le 31/05/2019 à 12h51

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