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Biopic #20 : Abdel Halim Hafez, le «Rossignol brun» qui connut l’une des plus grandes célébrités

Issu d’une famille pauvre mais qui perçut tôt en lui son amour pour le chant et la musique, Abdel Halim Hafez fascina le monde par ses chansons qui continuèrent à être reprises, même quarante ans après sa mort en Egypte.

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Abdel Halim Hafez fascina l'Egypte et le monde entier par l'harmonie de sa musique et la justesse de son chant / Photomontage : Mohamed El Majdouby (Yabiladi)
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Malgré son décès il y a plus de quarante ans, ses chansons ont été reprises, chantées et réarrangées. Ainsi Abdel Halim Hafez marqua les générations en Egypte et au delà. Celui qui fut surnommé le «Rossignol brun» eut à son actif plus de 400 chansons, dont une centaine interprétée dans des films musicaux.

Abdel Halim Hafez naquit le 21 juin 1929 dans le village d’Al-Halawat, au cœur de la province d’Ash Sharqiyah (Egypte). Issu d’un milieu pauvre, il perdit ses parents très tôt, ce qui le poussa à aller vivre chez son oncle maternel. Ce dernier perçut en lui le talent d’un futur chanteur de renom et l’inscrivit dans un orchestre où il côtoya musiciens et choristes dès son jeune âge.

Une révélation dans les médias égyptiens

Abel Halim Chabana de son vrai nom séduisit ensuite de grands compositeurs et des animateurs comme Hafez Abdel Wahhab, qui lui donna son nom de scène afin que ses premiers fans puissent le retenir facilement.

Ainsi l’artiste se produisit sous Abdel Halim Hafez pour le restant de sa vie artistique. Il collabora avec des compositeurs à l’image de Kamal Tawil. Le registre musical sentimental a été l’ingrédient de sa célébrité, dès qu’il se produisit pour la première fois au début des années 1950.

Mais c’était surtout après la Révolution des officiers libres, le 23 juillet 1952, qui mit fin au régime monarchique en Egypte, qu’Abdel Halim Hafez se fit connaître. En effet, il chantait souvent lors des événements du Conseil du commandement révolutionnaire, même qu’il fut surnommé «le chanteur de la révolution», interprétant par ailleurs beaucoup de chansons nationales

Dans son ouvrage «Abdel Halim Hafez, le rossignol brun» Begad Salama souligna à quel point cet artiste «était créatif dans son travail». «Par sa mélodie et son interprétation, il avait pu innover un style que l’on ne connaissait pas à l’époque, se créant ainsi un espace artistique unique qui fascina petits et grands», nota l’auteur.

Abdel Halim Hafez fit de ses chansons des éloges au président Gamal Abdel Nasser (1956 – 1970), avant de chanter devant le successeur de ce dernier, Anwar el-Sadat (1970 – 1981). Son talent ne laissait pas indifférents nombre de chefs d’Etats arabes, notamment le roi Hassan II (1961 – 1999) du Maroc.

Des rapports tendus avec les artistes de son temps

Cependant, ses relations avec ses contemporains n’étaient pas toujours au beau fixe, même qu’elles connaissaient des tensions, comme ce fut le cas avec Oum Kalthoum. «En 1964, Abdel Halim Hafez eut un différend avec Oum Kalthoum, qui avait retardé la prestation de l’artiste lors de la commémoration de la Révolution des officiers libres», rappela Begad Salama.

«Avant de commencer à chanter donc, il déclara : ‘C’est un grand honneur pour un chanteur de terminer un concert après le passage d’Oum Kalthoum, mais je ne sais pas si je dois le prendre aujourd’hui comme un honneur ou comme une combine de sa part.’»

Abdel Halim Hafez, le rossignol brun – Begad Salama

Sans l’intervention personnelle de Gamal Abdel Nasser, ces différends aurairnt pu réellement marquer la fin de la carrière artistique du «Rossignol brun». «A la commémoration de la Révolution des officiers libres en 1965, Abdel Halim Hafez fut empêché de chanter à cause de ce qui s’était passé avec Oum Kalthoum. Mais deux jours avant, Gamal Abdel Nasser organisa une cérémonie à Alexandrie et invita Abdel Halim Hafez à s’y produire», écrivit encore Begad Salama dans son ouvrage.

Engagé en faveur de l’armée égyptienne

Après la défaite des armées arabes en 1967 contre Israël, Abdel Halim Hafez interpréta une dizaine de chansons rattachées à la guerre, dont «Ahlef Besamaha» [Je jure par son ciel], que l’artiste s’engagea à chanter dans tous ses concerts jusqu’à la libération du Sinaï. Il donna ensuite un concert à Londres devant 8 000 personnes, versant la totalité de ses entrées à l’armée égyptienne.

«Abdel Halim vécut des périodes politiques importantes, telles que la guerre avec Israël, la crise de Suez et la Naksa (guerre des Six jours, ndlr), souligna Begad Salama Il lui revint d’avoir documenté cette période tumultueuse avec ses chansons nationales intemporelles, qui fédérèrent le peuple égyptien».

Mais le 30 mars 1977, Abdel Halim Hafez quitta ce monde après avoir longuement souffert de schistosomiase. De grandes funérailles lui furent consacrées et ne purent être comparées en termes d’afflux qu’à celle d’Oum Kolthoum ou encore le président Abdel Nasser.

Le «Rossignol brun» inspira nombre de cinéastes et de producteurs dans le septième arts, qui consacrèrent près de 16 œuvres cinématographiques à sa vie et à son parcours artistique.

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