«Aucune activité de pêche de la flotte européenne ne sera tolérée», indique un communiqué publié, hier, mercredi 14 décembre, par le ministère marocain des Affaires étrangères. Il somme les flottes européennes de bien vouloir rentrer chez elles. La colère du Maroc est manifeste. «Tous les bateaux opérant dans le cadre de l'accord de pêche Maroc-UE sont invités à quitter les eaux territoriales nationales ce mercredi avant minuit.» Aujourd'hui, aucun navire de pêche européen ne fraye donc plus dans les eaux marocaines.
En cause, le vote tenu au parlement européen, hier, qui s’est soldé par le rejet de la prorogation de l’accord de pêche Maroc-UE. Avec 326 votes négatifs, contre 296 positifs et 58 abstentions, le protocole temporaire en vigueur depuis le 28 février 2011 ne sera pas reconduit. Un vote très politique puisqu’il s'explique, entre autres, par la position de l'Union Européenne sur le dossier du Sahara.
Le Polisario se réjouit
«Prolonger le protocole actuel d'une année était inacceptable dans les conditions proposées par la Commission européenne, en raison […] de la contribution très limitée des fonds européens au développement de la politique de pêche locale, et du manque de preuves en termes d'avantages, tirés des fonds européens, pour la population locale du Sahara occidental», se justifie-t-on du côté du parlement européen. La décision de l'Union européenne va entraîner la déterioration des relations bilatérales, selon le Maroc. «Ce vote va avoir des conséquences très négatives sur les relations entre le Maroc et l’UE !», prévient Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime.
De l’autre côté de la Méditerranée, l’Espagne était, jusque là, le premier pays à profiter de l'accord. En pleine crise économique, rongée par un taux de chômage de 22,8% en octobre, selon Eurostat, l’Espagne demande à l’Union européenne une compensation financière pour le manque à gagner que ses pêcheurs vont subir. «Nous allons défendre cette flotte et les marins qui se retrouvent privés de travail», a matelé Rosa Aguilar, ministre espagnole de la Pêche
Le blocage de cet accord controversé a néanmoins fait un heureux : le Polisario. Dès l’annonce des résultats du vote, il s’est félicité de ce qu’il a appelé une «défaite juridique et politique» pour le Maroc. Un haut responsable marocain a confié à l’AFP : «il s’agit de l’œuvre d’un lobby hostile aux intérêts du Maroc. Ce vote pénalise les pêcheurs espagnols qui opèrent en grand nombre dans les eaux marocaines alors que leur pays traverse une grave crise.»
Alors que Eneko Landaburu, chef de la délégation de l’UE au Maroc, assure que «la perspective d’un nouvel accord reste néanmoins totalement ouverte», le Maroc, de son côté, parle plutôt de «d’une réévaluation globale de son partenariat avec l’UE.»