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Grand Angle

Ronald Reagan et Hassan II : Des intérêts politiques et une proximité personnelle

L'arrivée de Ronald Reagan à la Maison blanche, le 20 janvier 1981, a été bien accueillie par les officiels marocains. Le président amérocain a mis de côté les réserves de Jimmy Carter pour se rapprocher davantage du royaume et de Hassan II. L’élément personnel a également favorisé cette proximité entre les deux chefs d'Etats.

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Le roi Hassan II et le président américain Ronald Reagan. / Ph. DR
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Le 17 mai 1982, le roi Hassan II entamait sa troisième visite officielle aux Etats-Unis. Elle marque un tournant dans les relations entre les deux pays. Contrairement à son prédécesseur à la Maison blanche, Ronald Reagan s’est montré disposé à livrer des armes au Maroc.

Le 27 mai, Rabat et Washington signaient alors un accord de coopération militaire d’une durée de six ans. Un accord par lequel l’administration Reagan consent à augmenter son aide militaire au royaume, passant de 34 millions dollars en 1981 à 100 millions de dollars en 1983. A la grande joie des officiels marocains, les Américains s’engagent ainsi clairement aux côtés du Maroc dans la guerre du Sahara et lèvent les restrictions à la vente d’armes imposées par le président Jimmy Carter.

Reagan rompt avec les réserves de Carter à l’égard du Maroc

Seulement, Ronald Reagan n’a pas attendu le déplacement de Hassan II et la conclusion de l’accord du 27 mai 1982 pour marquer publiquement sa proximité avec Rabat. Une semaine après la cérémonie de prise de fonction, du 20 janvier 1981, il autorise la livraison au Maroc de six avions OV 10 Bronco, 10 hélicoptères Cobra et Chinook et d’autres équipements militaires.

Un changement accueilli avec soulagement par les officiels marocains. Pour une fois le locataire de la Maison blanche est convaincu que le conflit au Sahara est une autre manifestation de la Guerre froide et qu’il doit en conséquence soutenir le Maroc. Une revanche pour les diplomates marocains, notamment M’Hamed Boucetta et l’ambassadeur Ali Bejelloun qui avaient échoué durant les années Carter à persuader le vice-président Walter Mondale et le secrétaire d’Etat Cyrus Vance de leurs arguments.

Le roi Hassan II avec le président des Etats-Unis, Ronald Reagan. / Ph. DRLe roi Hassan II avec le président des Etats-Unis, Ronald Reagan. / Ph. DR

«C’est pour faire face aux agressions menées contre notre pays, avec des armes en provenance des pays de l’Est, que nous renforçons nos relations avec les Etats-Unis pour obtenir des armes», déclarait M’Hamed Boucetta à la presse en février 1982. Quelques mois plus tard, le Maroc réceptionne environ 400 missiles sol-air de type Maverick, mis en services en 1975.

Des relations personnelles, également

L’élément personnel était présent dans la proximité entre Reagan et le roi Hassan II. A l’occasion du 20e anniversaire de l’intronisation de Hassan, le 3 mars 1981, le président américain lui adresse un message très particulier. Le président américain y exprime ainsi son «admiration personnelle pour les vingt années de leadership courageux et inspiré que vient de compléter Sa Majesté, au cours desquelles les institutions démocratiques et les libertés civiles ont été renforcées». Un passage qui n’est pas passé inaperçu du côté de la presse espagnole.

Reagan tenait en haute estime Hassan II. Ses mémoires «Diaries» en apportent une autre preuve. Lors d’un déjeuner, en septembre 1983, avec le monarque, Reagan déclare : «Le roi m’a présenté l’histoire des Palestiniens d’une façon à laquelle je n’avais jamais pensé».

Le roi Hassan II avec le président Ronald Reagan. / DRLe roi Hassan II avec le président Ronald Reagan. / DR

La troisième visite du roi Hassan II aux Etats-Unis a surtout permis aux FAR de prendre un sérieux ascendant sur les milices du Polisario, de gagner la guerre sur le terrain et de «rapprocher» le roi de ses pires ennemis : l’Algérien Chadli Benjedid et le libyen Mouammar Kadhafi. Le 26 février 1983, le roi du Maroc rencontre à la frontière algéro-marocaine le chef de l’Etat algérien et durant la même année, commenceront alors les premiers contacts avec le leader libyen qui vont aboutir le 13 août 1984 à la signature du traité arabo-africain.

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