Menu

Archive  

Biopic #6 : Charif Al-Idrissi, le Marocain qui dessina la première carte du monde

Au XIIe siècle, Charif al-Idrissi dessina la première carte du monde à la demande d’un roi sicilien. Cette carte ne ressemblait pas grandement à celles utilisées actuellement, mais elle était la première à montrer que la Terre était ronde, sur la base de critères scientifiques spécifiques.

Publié
Charif Al-Idrissi / Graphisme : Mohamed El Majdouby (Yabiladi)
Temps de lecture: 2'

Abou Abdillah Mohammed Ben Mohammed al-Idrissi al-Hachemi al-Qurashi, connu sous le nom de Charif Al-Idrissi, fut considéré comme l’un des géographes les plus importants au monde et le premier à dessiner une carte du monde.

Selon «Les pionniers de la géographie dans la civilisation arabo-musulmane» d’Ali bin Abdullah Daffaâ, le savant était «le petit-fils d’Idris II [El Hammoudi], émir de Malaga. Sa généalogie remontait jusqu’au calife Ali Ibn Abi Talib, d’où les historiens l’appelaient ‘Charif al-Idrissi’».

Charif al-Idrissi est né en 493 de l’hégire (1100 ap. J.-C.) à Sebta (Ceuta), qui faisait partie des territoires gouvernés par les Almoravides. Il voyagea dans de nombreux pays, dont l’Egypte, le Hejaz, la France, l’Angleterre et l’Asie mineure, puis s’installa à Cordoue. Mais après la chute de la ville, il décida de partir en Sicile, à la demande du roi Roger II qui était un féru des sciences.

Roger II de Sicile accueillit ainsi Charif al-Idrissi, qui trouva refuge dans le royaume normand. Déjà connu dans le monde de la géographie, le savant se fit également connaître comme l’«auteur du livre Tabula Rogeriana». Il lui fut demander aussi «d’inventer quelque chose qui pourrait mettre en image le monde», comme le rappela Al-Wāfī bi’l-wafayāt de Salah al-Dīn al-Ṣafadī.

La carte du monde qui prouva que la Terre était ronde

Sur commande du roi sicilien, Al-Idrissi se consacra pendant quinze années à dessiner la toute première carte du monde en confectionnant deux prototypes : l’un sur une boule d’argent et l’autre sur une planche plate argentée. Les historiens rappelèrent que ces œuvres constituaient la plus grande cartographie durant le Moyen-Âge grâce à leur précision scientifique inédite. A l’opposé de ses contemporains, le savant affirma que la Terre était ronde, et ce, bien avant le siècle des Lumières.

Par ailleurs, plusieurs sources indiquèrent que la boule d’argent sur laquelle Charif al-Idrissi dessina le globe fut probablement endommagée au cours de violences survenues en Sicile. Mais à travers ce prototype, le savant réussit à renseigner sur les grandes villes et sur les frontières existantes entre les Etats.

Une seconde commande du roi normand porta sur l’écriture d’un livre, qui donna lieu à l’édition du célèbre Tabula Rogeriana (le Livre de Roger) par Al-Idrissi. L’œuvre fut considérée comme l’une des contributions géographiques arabes de référence, puisque son auteur y documenta ses expériences dans différentes régions du monde qu’il avait visitées, incluant plus de 70 cartes.

Charif al-Idrissi décéda à l’âge de 61 ans en Sicile. Il demeura une sommité du savoir et «représenta le zénith qu’atteignit la géographie, en Orient autant qu’en Occident», selon «Histoire de la géographie et des géographes dans Al-Andalous» de Ḥusayn Muʼnis. Il laissa un grand héritage à l’humanité en matière de cartographie et de géographie.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com