Une web-radio pour lutter contre la déperdition scolaire :
A 31 ans, Rédouane Chraïbi est membre salarié de l’Association Initiative Urbaine située à Hay Mohammadi, à Casablanca. Créée en 2002, il s’agit d’une association organisant des activités artistiques pour les enfants résidant dans ce quartier populaire. Objectif : lutter contre la déperdition scolaire, le trafic de drogue ou la prostitution. L’association a créé une webradio dont les émissions sont préparées et animées par une soixante d'enfants du quartier dont les sujets de débats sont l’éducation, la santé ou encore l’environnement.
«La particularité du quartier Hay Mohammadi est qu’il est composé de gens riches et de gens pauvres. Il y a beaucoup d’enfants qui vivent dans des bidonvilles et notre association vise à aider ces enfants à avoir une vision positive de leur quartier. Le principal problème que nous rencontrons au quotidien est qu’il est extrêmement difficile d’avoir la confiance des parents parce que certains d’entre eux pensent par exemple, que nous allons faire danser leurs enfants ou leur faire faire n’importe quelles activités. On va donc vers eux, on les rencontre et on les invite aux spectacles de leurs enfants et ils finissent par avoir confiance. Par ailleurs, la chose qui me stresse, est que la Fondation For the Future ne va plus continuer à nous financer. Elle va se tourner vers le milieu associatif en Tunisie. Elle nous a accompagné durant une année mais maintenant on va être obligé de trouver de nouveaux financements, ce qui veut dire que les salaires des animateurs vont être suspendus et les activités des enfants mises en cause.»
Revendication de l'identité Amazigh :
Âgée seulement de 22 ans, Hanane Gahamou habite à Agadir et a plusieurs casquettes. Elle est journaliste, poète et est membre active de plusieurs associations luttant pour les droits de la femme du sud du Maroc et la reconnaissance de l’identité amazigh à travers l’Association Tamaynut signifiant «nouvelle».
«L’une de nos actions est d’encourager la production d’ouvrages et de romans en amazigh mais aussi de faciliter l’enseignement de la langue amazigh aux enfants. Il y a plusieurs sections de l’association Tamaynut à l’étranger notamment en France et aux Etats-Unis. Dans notre quotidien, on rencontre beaucoup de difficultés avec le Makhzen, lorsqu’on souhaite par exemple organiser une activité ou un séminaire. Il nous est très difficile de décrocher des autorisations. Par ailleurs, certains partis politiques, dont je ne peux citer les noms, nous mettent des bâtons dans les roues pour l’organisation de ces activités. Ce qui est paradoxal est que l’on rencontre ces difficultés seulement au niveau local. Mais au niveau international, on n’en rencontre aucune. Lors de nos séminaires, on échange plus facilement avec des kabyles, des libyens et d’autres communautés berbères du nord de l’Afrique ainsi que des Amazighs du Mali qui sont des touaregs ou même des Catalans. Personnellement, j’ai déjà été attaquée physiquement surtout lorsqu’on a manifesté avec le mouvement du 20 février pour revendiquer un pied d’égalité entre la langue amazigh et l’arabe. Les policiers m’ont frappé sur le dos et l’épaule et ont également volé mon portable et mon appareil photo. Ma famille craint pour moi. Quand ma mère a appris que j’avais été frappée, elle a pleuré. Mais cela n’empêche pas mes parents de comprendre et de soutenir mon combat.»
La musique Hassani encore méconnue :
Enfin, il aura fallu 14 heures en bus à Zahra Azilal pour assister à la rencontre sur les radios communautaires à Marrakech. La jeune femme âgée de 25 ans vit à Laâyoune. Elle milite au sein de deux associations différentes. La première est l’Association Saharienne pour les gens non-voyants et la seconde est l’Association Forssan Sakir El Hamra pour la musique hassani.
«La musique hassani est une grande richesse pour le Maroc mais elle est totalement ignorée. Nous, ce que l’on souhaite est que les Marocains prennent conscience qu’il existe une musique différente dans une autre région de leur pays. Elle n’est malheureusement connue que dans le Sahara. C’est comme si tu disais qu’en France, un Parisien ne connaissait pas du tout l’existence de la musique bretonne ! On oublie par exemple qu’elle pourrait contribuer à résoudre le conflit du Sahara en faveur de la cause nationale. Il est plus facile de faire passer des messages via la musique. C’est pour cela que les médias communautaires sont un excellent moyen pour nous de faire passer des messages aux autorités pour qu’elles finissent par accepter notre musique mais aussi pour qu’elles en finissent avec les préjugés qu’elles ont sur la population sahraouie. Un des préjugés courant est que les Sahraouis n’aiment pas le Maroc ou qu’ils sont différents des Marocains, mais c’est faux !»