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Grand Angle

Face au racisme, les universités françaises peinent à apporter une réponse adéquate

D’après une enquête du syndicat étudiant de l’UNEF, plus de la moitié des étudiants disent se sentir démunis lorsqu’il s’agit de remonter un comportement raciste dans leurs établissements.

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L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) organise ce vendredi 19 avril ses premières assises nationales contre le racisme. / DR
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Le racisme ne s’arrête pas aux portes du savoir et de la connaissance. Alors que l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) organise ce vendredi 19 avril ses premières assises nationales contre le racisme, elle a révélé hier les résultats de son enquête sur les jeunes et le racisme, menée dans toute la France. Il en ressort que parmi les répondants, 42,30% des personnes perçues comme non blanches ont déclaré avoir déjà été victimes de racisme en lien avec leurs études, indique Libération, qui relaye l’enquête.

Cette dernière a été menée à travers un questionnaire auto-administré, diffusé entre le 20 mars et le 12 avril 2019. Au total, 5 827 étudiants ont répondu. Parmi les sondés, 36,6% étaient des personnes perçues comme non blanches, et 63,4% des personnes perçues comme blanches.

Le racisme dans les universités «prend diverses formes et émane de différentes personnes», explique à Libération Mélanie Luce, présidente de l’UNEF. «Ça peut être des blagues, des remarques clairement racistes, comme "tu t’exprimes bien pour une Noire", et ça peut aller jusqu’à l’agression raciste, comme à Rennes II il y a quelques semaines. On a parfois le sentiment de ne pas être à sa place, même si beaucoup des répondants jugeaient qu’ils n’avaient pas forcément été moins bien notés par exemple», ajoute-t-elle. En février dernier, un professeur de l’université rennoise aurait en effet violemment poussé un étudiant ivoirien, avant de l’insulter et d’imiter un accent africain. La direction de la faculté avait été saisie.

Très peu de dispositifs pour faire remonter les actes racistes

Si les actes racistes surviennent souvent peu dans l’enceinte des établissements d’enseignement supérieur (14,57%), il n’empêche que pour 27,29% des victimes, ils émanaient d’un enseignant, et pour 26,7% d’autres étudiants. L’administration concentre 15,34% des incidents racistes, qui incluent aussi bien des commentaires humiliants que des agressions physiques, et les intervenants extérieurs à l’établissement en cumulent 30,68%.

Dans son enquête, l’UNEF souligne également que les étudiants en proie à des actes ou remarques racistes à l’intérieur même de l’université peinent à identifier l’interlocuteur vers qui se tourner. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 57,23% affirment ne pas savoir comment faire «remonter un comportement raciste dans leurs établissements». Globalement, l’UNEF observe qu’il «n’existe que très peu de dispositif permettant de faire remonter une agression ou une remarque raciste sur le campus». D'ailleurs, plus de 60% disent ne jamais avoir été informés des mécanismes de lutte contre les discriminations qui auraient été organisées par leurs établissements.

Les résultats de l’enquête montrent également que la couleur de peau ou l’origine supposée influencent les rapports de séduction des jeunes. Ainsi, plus d’un tiers des étudiants racisés jugeaient que leur couleur ou origine avait un impact sur leurs rapports amoureux et sexuels, contre à peine plus d’un étudiant blanc sur cinq.

Dernier point : plus de 41% des étudiants perçus comme non blancs ont déclaré que d’autres personnes avaient déjà supposé qu’ils étaient de telle ou telle religion, contre seulement 22% des étudiants blancs ou perçus comme tels.

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