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Grand Angle

La performance du Maroc se détériore dans l’indice 2019 sur la fragilité des Etats

Selon le rapport, les conditions qui ont conduit aux manifestations populaires en Afrique du Nord ne se sont pas dissipées. Malgré les promesses d’améliorations, les véritables changements se font toujours attendre.

Publié
Rabat, capitale du Royaume du Maroc. / DR
Temps de lecture: 3'

Le Fonds pour la paix (FPP), une institution américaine de recherche et d’enseignement, a publié récemment son rapport sur la fragilité des Etats (Fragile State Index – FSI), dans lequel il répertorie 178 Etats en fonction de leur stabilité et met en évidence les problématiques auxquelles font face les Etats faibles et défaillants. L’objectif est de permettre aux décideurs et au grand public d’évaluer les risques politiques et de prévenir rapidement des conflits.

L’indice sur la fragilité des Etats s’appuie sur un cadre d’évaluation des conflits, le Conflict Assessment System Tool (CAST), mis au point par le Fonds pour la paix pour évaluer la vulnérabilité des Etats. Il a été conçu pour mesurer cette vulnérabilité dans les situations de pré-conflit, de conflit actif et de post-conflit, précise le FPP.

Douze indicateurs de risque de conflit sont utilisés pour évaluer la fragilité d’un Etat, eux-mêmes répartis dans quatre catégories : la cohésion (appareils sécuritaires, division des élites, cohésion sociale) ; l’économie (déclin économique, inégalité en matière de développement économique, fuite des cerveaux) ; la politique (légitimité de l’Etat, services publics, droits de l’homme) ; le social (pression démographique, réfugiés et déplacements de personnes à l’intérieur du pays, intervention externe).

Malgré les promesses d’améliorations, les changements se font toujours attendre

Classé 78e avec un score de 73 (120 étant le meilleur), le Maroc se positionne devant l’Algérie (72e), l’Iran (52e), le Liban (44e), l’Egypte (34e), la Mauritanie (31e), la Libye (28e) et l’Irak (13e). Obtenant la deuxième place en Afrique du Nord derrière la Tunisie, le Maroc figure parmi les dix premiers pays arabes, derrière les Émirats arabes unis, classés premier de la région, le Qatar, Oman, le Koweït, Bahreïn, la Tunisie et l’Arabie saoudite.

De plus, le Maroc perd 1 point par rapport à 2018, 1,4 par rapport à 2014 et 4,1 par rapport à 2009. Par indicateur, le royaume obtient le score de 5,2 en matière d’appareils sécuritaires (1 étant le pire score, 10 étant le meilleur) ; contre 6,6 pour la division des élites ; 8,5 pour la cohésion sociale ; 5,2 pour le déclin économique ; 5,4 pour l’inégalité en matière de développement économique ; 7,9 pour la fuite des cerveaux ; 6,8 pour la légitimité de l’Etat ; 4,8 pour les services publics ; 6,2 pour les droits de l’Homme ; 4,6 pour la pression démographique ; 5,9 pour les réfugiés et les déplacement de personnes à l’intérieur du pays ; 5,8 pour les interventions externes.

«Le Maroc, un pays qui a également réussi à résister à la spirale de la violence qui a touché une grande partie du monde arabe dans les jours qui ont suivi les soulèvements révolutionnaires de 2011, est lui aussi confronté à ses propres défis. Le Maroc a connu une détérioration constante du FSI si l’on examine les tendances sur cinq et dix ans des indicateurs économiques généraux et de la fuite des cerveaux», indique le rapport. «Des manifestants et des figures de l’opposition ont déclaré que, si le gouvernement marocain s’était certes engagé à améliorer ses ressources par le biais de plans de croissance économique ambitieux et d’investissements dans les années qui ont suivi les soulèvements régionaux, la population en général a observé peu ou pas de changements», poursuit la même source.

L’indice sur la fragilité des Etats évoque également la «mise en garde des observateurs de la région Afrique du Nord – notamment les pays du Maghreb comme l’Algérie, le Maroc et la Tunisie en particulier – dans les années à venir. Les conditions mêmes qui ont déclenché les soulèvements populaires de masse, qui sont devenus plus tard le Printemps arabe, ne se sont pas dissipés. A vrai dire, beaucoup d’indicateurs économiques, sociaux et politiques qui ont commencé à se détériorer lors des précédentes éditions du Fragile State Index, s’aggravent encore davantage».

Globalement, le rapport est dominé par la Finlande (178e), la Norvège (177e), la Suisse (176e), le Danemark (175e) et l’Australie (174e). En revanche, le Yémen est classé au 1er rang, la Somalie au 2ème, le Soudan du Sud au 3ème, la Syrie au 4ème et le Congo au 5ème.

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