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Grand Angle

Les radios communautaires peinent à décoller au Maroc

Lorsque l’Etat est aux abonnés absents et ne peut améliorer le quotidien de sa population, ou que les télévisions et radios nationales ne montrent pas la réalité sociale du pays, les organisations de la société civile sont obligées de trouver d’autres moyens pour donner la parole aux populations oubliées et dénoncer la corruption ou l'injustice sociale. Beaucoup de ces associations choisissent de créer une radio communautaire indépendante pour dénoncer les abus de la société et les conditions de vie des citoyens. Mais au Maroc, les radios communautaires ont encore du mal à décoller.

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C’est pour mieux faire connaitre les radios communautaires au Maroc qu’une rencontre internationale intitulée «Radios communautaire pour une information citoyenne» se tient en ce moment à Marrakech. Elle est organisée par le portail de la société civile Maghreb-Machrek e-joussour, un programme du Forum des Alternatives Maroc en collaboration avec l’Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires. Cet évènement a débuté hier lundi 5 décembre et prendra fin le jeudi 8 décembre. Des spécialistes marocains et d’Amérique du Sud ou d’Afrique ont fait le déplacement dans la ville ocre pour échanger leurs expériences et encourager la société civile marocaine à lancer, gérer et animer des radios communautaires.

Origine des radios communautaires

Les premières radios communautaires sont apparues en Amérique Latine après la Seconde Guerre Mondiale. C’est en Bolivie en 1949 que les premières expériences sont les plus importantes. Les mineurs du pays avaient décidé de créer une radio communautaire afin de dénoncer leurs dures conditions de travail mais aussi pour se divertir et organiser des activités culturelles. Ainsi, ils ont animé des émissions avec des lectures de poèmes ou apprenant à leurs enfants à jouer aux échecs.

En 1981, la pression des mineurs sur le gouvernement bolivien via leur radio communautaire est telle qu’ils arrivent à déclencher une grève générale, une grève qui finira par mettre fin à la dictature du pays.

Aujourd’hui en Amérique du Sud, il existe plus de 6000 stations radios communautaires sur toute la région. Près de 85% sont privées et commerciales.

Le second continent qui a été séduit par le concept des radios communautaires est l’Afrique. Le développement de ces médias a surtout été fait dans le monde rural. Au Mali par exemple, les paysans en avaient assez de l’arrogance et du mépris des représentants de l’état dans leurs villages. Ces paysans ont donc décidé de créer eux aussi des radios communautaires pour dénoncer leur exclusion sociale. A l’instar des Boliviens, ils vont, eux aussi, mettre un terme à plus de 23 ans de dictature militaire dans le pays en organisant de graves émeutes sociales. Aujourd’hui, il existe plus de 300 radios communautaires dans ce pays.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les pays stables possédant un solide système démocratique se sont également mis aux radios communautaires. C’est le cas du Canada. Les francophones représentant une minorité linguistique dans le pays, se sont lancés, également, dans l’aventure en réalisant des émissions culturelles, économiques ou sociales en français dédiées aux communautés francophones du pays. 

L’exception du monde arabe

Alors que toutes les régions du monde ont compris le rôle positif des radios communautaires pour faire avancer la démocratie, le monde arabe reste loin derrière et ne maîtrise pas encore cet outil.

Au Maroc, il faut attendre l’année 2002 pour qu’une loi mette fin au monopole de l’Etat sur la radiodiffusion qu’avait installé l’occupant français en 1924. C’est durant cette même année que la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle fait son apparition. Son rôle : octroyer les autorisations de création de radio et de télévision privées. Cependant, ce n’est que deux plus tard, que la HACA entreprend concrètement sa mission. Par conséquent, en 2006, 10 radios privées voient le jour et en 2009, 7 autres. Aujourd’hui le paysage audiovisuel marocain est composé d’une radio publique et 17 radios privées. «Aujourd’hui 2 Marocains sur 3 écoutent la radio. Ils regardent de moins en moins la télévision. Ce qu’il manque dans le paysage audiovisuel marocain, c’est la présence des radios communautaires», insiste Younès Boumehdi, le Directeur Fondateur de Hit Radio. Un média qui a vu le jour en 2006 et qui possède le plus grand réseau de fréquence au Maroc. 

Vide juridique

Dans la majeure partie des pays de la région, y compris au Maroc, les radios communautaires ne sont malheureusement pas autorisées à émettre sur les ondes hertziennes à l’heure actuelle. «Aujourd’hui il y a un vide juridique qui n’autorise pas et qui ne sanctionne pas. Le législateur n’a pas su anticiper sur les nouvelles technologies et il n’a pas prévu que la radio pourrait être un jour écoutée sur internet.» explique le Professeur Jamal Eddine NAJI, expert en journalisme et en communication. «Chaque pays à son propre rythme mais cela va dépendre de chaque effort qui va être mis pour combler ce vide. Aujourd’hui, la balle est dans le camp de la société civile. C’est à elle de revendiquer ce droit de créer librement sa radio communautaire», poursuit-il.

Ainsi pour continuer leur combat, les associations marocaines ont tout simplement esquivé ce vide juridique en créant leur radio communautaire sur le web. Selon Jamal Eddine NAJI, il existe aujourd’hui une trentaine de web radios communautaires au Maroc. Les créateurs de certaines de ses web radios ont participé à la rencontre pour présenter leur travail.

C’est le cas par exemple de l’Association Initiative Urbaine à Hay Mohammadi, une association qui organise des activités artistiques pour les enfants de ce quartier populaire afin de lutter contre la déperdition scolaire, le trafic de drogue ou la prostitution. Ainsi, grâce à des financements provenant de la Foundation for the Future, l’équipe de l’association a pu investir dans du matériel radiophonique comme des micros, des casques et des petites tables de mixage et lancé sa propre radio internet www.iuhm.org. La particularité de cette radio est que ce sont les enfants qui choisissent et animent les programmes qu’ils diffusent sur le net. Ils enregistrent leurs émissions et ensuite insèrent les podcasts sur le site.

radio ! ici mars!
Auteur : sidiyazid
Date : le 10 décembre 2011 à 10h25
je crois que le probleme reside plus au niveau du secteur associatif que du côté de l'administration.

si les ondes sont encore sous le contrôle regide de l'etat , le net est libre .

alors pourquoi cette timidité et ces complaintes incapables .

le mal vient du fait que les associations ne connaissent aucune democratie interne : les fondateurs restent aux commandes advitaem etrnam , les têtes restent les mêmes , ennuyeuses, ennuyantes jusqu'au supperficiel, jusqu'au risible et jusqu'à la desertion.
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