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Espagne : Zamora ou le croque-mort qui identifie les migrants décédés en Méditerranée

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Martin Zamora transportant avec deux hommes le cercueil d'un migrant mort en mer et qu'il a réussi à identifier / Ph. Javier Bauluz
Temps de lecture: 2'

Depuis vingt ans à Los Barrios, près d’Algésiras, le croque-mort Martín Zamora identifie et de rapatrie les corps des migrants morts pendant la traversée entre le Maroc et l’Espagne. En effet, la difficile reconnaissance des identités des migrants morts donne souvent lieu à des funérailles sans nom. Mercredi, le média Reporterre a dressé le portrait de ce croque-mort au profil atypique.

L’homme de 58 ans souligne l’inexistence de protocole spécial pour identifier et nommer les migrants morts en mer. «Quand une personne n’est pas identifiée, il y a toujours l’espoir pour sa famille de la revoir en vie. Ne pas savoir est une vraie souffrance» souligne-t-il. Il raconte ainsi se mettre «dans des situations compliquées pour identifier un mort», d’autant plus qu’«habituellement, dans le métier, on ne parle pas aux policiers ou aux juges».

Martín Zamora coordonne avec tous ces acteurs et compte même sur l’aide de ses contacts dans le nord du Maroc. Il reçoit des photos des morts avec l’aide de policiers, arrive à obtenir des informations sur leurs nationalités et recueille des éléments sur leurs dernières heures de vie. Si tout correspond, un proche surplace ou en contact avec Zamora peut identifier le corps ou même permettre un test ADN, avec l’aide des services consulaires.

«Quand les familles me remercient, c’est une sensation très forte. Même si je leur ramène un mort, ils me sont reconnaissants de m’être battu pour eux, de pouvoir commencer le deuil», explique Zamora.

Parmi les migrants morts, de plus en plus sont des jeunes marocains dont les familles sont souvent trop pauvres pour rapatrier le corps de leur proche. «Plusieurs familles qui se cotisent, indique le croque-mort. Et si on ne peut vraiment pas, on fait sur demande de la famille, des funérailles musulmanes en Espagne. J’envoie des photos et des vidéos de la toilette. Ça permet aux familles d’être, d’une certaine façon, présentes à l’enterrement de leur enfant».

L’histoire de Zamora, débutée en 1999, a créé autour d’elle une dynamique des associations de droits des migrants et a inspiré aussi les cinéastes. Sous forme de fiction, son parcours a été adapté par la réalisatrice espagnole Chus Gutiérrez dans le film «Retour à Hansala», sorti en 2008.

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