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Grand Angle

Huelva Gate : Les saisonnières marocaines lâchées par leurs familles

Victimes présumées d’agressions sexuelles, les dix saisonnières marocaines sont confrontées à un nouveau problème : leurs familles.

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Les dix saisonnières marocaines, victimes présumées d’agressions sexuelles. / Ph.DR
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Après plus d’un an d’attente, enfin une bonne nouvelle pour les dix saisonnières marocaines de Huelva. La justice espagnole leur a finalement octroyé un permis de séjour valable pour les neufs prochains mois. Si pour le moment les victimes présumées d’agressions sexuelles n’ont toujours pas leur précieux sésame, elles devraient l’obtenir dans les jours à venir, explique l’une d’entre elles à Yabiladi.

«L’impatience grandissait compte tenu des nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontées», poursuit Hajar*, qui était arrivée la saison dernière pour la récolte de fraise dans les plantations de Huelva (sud-ouest de l'Espagne).

En effet, après avoir été persécutées, traitées de tous les noms par les employeurs et avoir passé des semaines avec la faim au ventre, elles sont maintenant rejetées par leurs propres familles.

«Nous avons perdu une année sans avoir été payées, et voilà que maintenant nous sommes en train de perdre petit à petit nos familles et fils, si ce n’est déjà le cas.»

Une saisonnière marocaine

Divorce et menace de mort de la part des familles

«La présomption d’innocence est de facto écarté par nos familles» affirme notre interlocutrice. Plus grave encore, certaines reçoivent des menaces de mort de la part de leurs conjoints. Trois d’entre elles ont même été répudiées, notifiées par un simple message, poursuit-elle.

Actuellement en instance de divorce, l’une d’elles a appris que «son mari avait forcé la porte de la maison, frappé sa sœur et emmené de force ses enfants». Mais elle n’est pas seule, «beaucoup d’entre elles n’ont plus le droit de parler à leurs enfants, même celles qui étaient soutenues au tout début par leurs familles, se sont finalement retrouvées seules», poursuit Hajar.

Notre interlocutrice nous confie qu’elle-même avait été menacée par son frère. «Il m’a dit que s’il me croise, il n’hésiterait pas un instant à me tuer et qu’il était même capable de venir jusqu’en Espagne pour le faire». Ce qui leur a le plus porté préjudice c’est les rumeurs qui circulent et les fausses informations, explique-t-elle.

«C’est comme ça au Maroc, les gens se permettent de nous juger et de parler en notre nom alors qu’ils n’ont pas endurer ni vu de leurs propres yeux ce qui se passe dans les plantations de fraise.»

Une des saisonnière marocaine

Une affaire qui traîne en longueur

Aujourd’hui, elles attendent «avec impatience» de passer devant le juge, affirme-t-elle. Leur avocate, Belen Lujan, nous explique néanmoins, qu’il n’y a rien de nouveau et que «l’affaire traîne toujours».

Les juges ne se sont toujours pas prononcés quant au recours déposé après que le tribunal de première instance et instruction de La Palma del Condado ait classé provisoirement une des plainte déposée par quatre saisonnières marocaines pour harcèlement et agression sexuelle. Ce recours a été déposé car «les saisonnières n’ont pas été entendues par le juge», nous expliquait l’avocate à l'époque.

Néanmoins, le traitement des autres plaintes est toujours en cours, rappelle-t-elle aujourd'hui. Mais d'ajouter avec inquiétude : «Je n’ai jamais été optimiste, parce que j’ai l’impression que personne ne veut réellement enquêter. Mais nous continuerons notre combat jusqu’à obtenir justice.»

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