Lundi 18 mars restera, sans doute, dans les annales en Algérie. Il a connu les sorties, presque simultanées, du président Abdelaziz Bouteflika et de son vice-ministre à la Défense, chef d’Etat-major des armées, Ahmed Gaïd Salah.
Les deux déclarations publiées par l’agence APS s’adressaient aux Algériens sur un ton presque identique. Le chef de l’Etat a présenté sa «Conférence nationale» comme le seul remède à tous les maux de son pays. «Cette voie contribuera, inéluctablement, à faire sortir l'Algérie de sa dépendance aux hydrocarbures et aux fluctuations des cours du pétrole sur les marchés internationaux», a-t-il promis.
De son côté le général octogénaire, et depuis Tindouf où il se trouve dans le cadre d’une visite d’inspection, a mis l’accent sur «l’espoir de voir l'Algérie, toujours et à jamais, au-dessus de tous les défis, un espoir permanent qui se renouvelle et qui s'enracine dans les esprits et les cœurs, un espoir augurant d'un avenir meilleur et d'une capacité à relever les enjeux, tous les enjeux».
L’armée unique rempart contre les menaces de l’extérieur
Si les deux têtes apparentes du régime se sont montrées optimistes en l’avenir radieux qui attend leur pays, elles ont également mis en garde contre les projets ourdis de l’étranger qui menacent la stabilité de l’Algérie.
Honneur au président. Tout en louant l’armée «pour son haut niveau de professionnalisme et ses sacrifices exemplaires», le chef de l’Etat a appelé de ses vœux au peuple «qui doit prêter main forte à son armée pour préserver l'Algérie contre les dangers extérieurs, et jouir de la quiétude et de la stabilité». Et c’est au général de répondre à son président :
«Je suis parfaitement convaincu que le peuple algérien, qui a toujours placé les intérêts de la Nation au-dessus de toute considération, dispose des aptitudes nécessaires pour éviter à son pays toute conjoncture pouvant être exploitée par des parties étrangères hostiles.»
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Salah évoque la menace extérieure. Dans un communiqué, daté du 6 mars dernier, il affirmait que son pays «demeure ciblé par ses ennemis, et tant envié pour les bienfaits de la sécurité dont jouit son peuple».
Une réponse à la déclaration du ministère des Affaires étrangères marocain ?
Lorsque les responsables algériens évoquent l’ «ennemi» ou «les parties hostiles de l’étranger» c’est pour désigner le voisin marocain, la France du président Emmanuel Macron ayant déjà béni, depuis Djibouti, les décisions annoncées par Abdelaziz Bouteflika dans sa lettre du 11 mars.
Les sorties du chef de l’Etat et de son vice-ministre à la Défense interviennent environ quarante-huit heures après la publication d’une déclaration du ministère marocain des Affaires étrangères portant sur la situation au voisin de l’Est. Le royaume s’était pourtant évertué à expliquer qu’il continue d’observer une «attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie» et qu'il «n’a pas à se mêler des développements internes que connait» le voisin maghrébin.