Elle est située à gauche de la discrète Bellatrix, au-dessus d’Alnitak, Alnilam et Mintaka ou encore de Saïph et Rigel, dans la constellation d’Orion. Bételgeuse, la supergéante du ciel hivernal ne passe pas inaperçu. Mais derrière son éclat orangé et sa taille démesurée, puisqu’elle fait «plus de 700 fois la taille du soleil», se cache l’histoire d’une étoile nommée par les astronomes arabes qui se trouve cependant en fin de vie.
Bételgeuse n’est pas la seule étoile que les Arabes nommeront. «Il y a une grande partie d’étoiles qui portent des noms arabes», nous confie Zouhair Benkhaldoun, directeur de l’Observatoire de l’Oukaïmeden. «Cette civilisation s’est développée dans des conditions où le ciel était souvent dégagé. Il y avait donc une tradition d’observer le ciel. D’autre part, on l’utilisait aussi pour s’orienter», nous explique-t-il.
Bételgeuse et Rigel, «main» et «pied» d’Al Jawzaa
Bételgeuse est d’ailleurs l’un des exemples. «Ce nom a plusieurs transcriptions. On l’appelle Yad Al Jawzaa (main d’El Jawzaa) ou Ibt Al Jawzaa ou encore Bayt Al Jaouazaa», poursuit notre interlocuteur. D’ailleurs, Alnitak, Alnilam, Mintaka ou encore Saïph le sont également. Rigel, plus jeune étoile qui les surpassent en éclat, vient de Rijal Al Jawzaa (pied d’Al Jawzaa).
Mais cette étoile que les astronomes pensaient être très proche de la Terre s’est avérée une supergéante rouge, en fin de vie. «L’évolution des étoiles dépend de modèles construits et qui prévoient, en fonction de la masse, de la taille de l’étoile, sa nucléosynthèse, c’est-à-dire comment elle va brûler son carburant pour s’éteindre ou s’exploser», nous explique le directeur de l’Observatoire de l’Oukaïmeden.
La constellation d'Orion avec Bételgeuse, la supergéante rouge à gauche
«Les astronomes ont calculé que Bételgeuse est une très jeune mais très vieille étoile», avait indiqué la revue Science et Vie en 2013. «Jeune ? Dix millions d'années seulement, un souffle dans l'histoire cosmique. Vieille ? La magnifique étoile rouge d'Orion va bientôt disparaître dans l'éclair fulgurant d'une supernova», poursuit cette source.
«L'étoile, après avoir brûlé une partie de ses réserves d'hydrogène, consume dans son cœur nucléaire de l'hélium, du carbone et de l'oxygène. Autour de ce cœur, porté à près de 100 millions de degrés, une coquille d'hydrogène continue de brûler... Un tel système est instable, d'ailleurs l'éclat et la taille de Bételgeuse varient légèrement au fil du temps : l'étoile a commencé à pulser.»
Une mort et une explosion inévitables
Mais bien que certains parlent d’une explosion qui peut durer des semaines voir des mois, Zouhair Benkhaldoun préfère tempérer. «Il y a plusieurs scénarios en fonction de la masse actuelle de l’étoile ou encore ce qu’on appelle en astrophysique sa position dans le diagramme de Hertzsprung-Russell (HR) qui classifie les étoiles en fonction de leur masse et de leur luminosité», précise-t-il.
«Vu que c’est une étoile massive et rouge, elle s’approche de sa fin de vie. Mais lorsqu’elle va exploser, on observera le phénomène de supernova et ça va être très brillant. Mais je ne m’avancerai pas pour dire que cela durera deux jours ou plus. Cela dépend du modèle qu’on construit mais qui ne sont pas très précis sur les scénarios à venir.»
Une simulation de l'explosion de Bételgeuse. / Ph. DR
Mais en attendant que l’inévitable arrive, autant en profiter pour contempler la mystérieuse Bételgeuse. L’étoile reste visible depuis le Maroc. «Encore faut-il quitter les grandes villes et aller dans des régions où le ciel est dégagé pour éviter la pollution lumineuse des villes et l’apercevoir dans le ciel», nous conseille notre interlocuteur. Elle continue, pour le moment, à briller à l'épaule nord-est d'Orion.