L’incident s’est produit dans la soirée de mardi, dans le quartier Sbata de Casablanca, rapporte un communiqué du Mouvement du 20 février (M20F). Plusieurs de ses activistes, ainsi que des militants du Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) s’étaient réunis pour appeler au boycott des élections de vendredi prochain. Alors qu’ils distribuaient des tracts, un individu aurait surgit et agressé à l’arme blanche, Sarah Soujar, membre du comité régional du PADS, et sympathisante du M20F.
Mounim Ouhti, secrétaire régional du PADS, qui a assisté à la manifestation, nous a confié par téléphone, que l’agression s’est déroulée dans l’indifférence totale des agents de sécurité, et de police présents sur les lieux. L’auteur de cet acte se serait évanoui dans la nature. «C’est inacceptable, un tel acte ne peut être commis en toute impunité, alors qu’il y avait des agents de l’état sur place», a martelé Mounim Ouhti.
D’après plusieurs témoignages, dont celui de Mounim Ouhti, touchée à l’utérus, aurait essuyé une véritable tentative de meurtre. Amar Tafnout, un autre activiste du 20 février joint par nos soins, nous a déclaré que l’état de Sarah Soujar, était stable, et qu’elle était maintenant suivie par un gynécologue.
Le Makhzen pointé du doigt
Pour les militants du M20F et du PADS, il ne fait aucun doute que l’auteur de l’agression dont a été victime Sarah Soujar, est un agent à la solde du Makhzen. Selon Mounim Ouhti il serait connu au niveau de Sbata comme l’homme des basses besognes des fonctionnaires et des policiers. Pour lui, le fait que les agents de police ne soient pas intervenus est une preuve de leur complicité dans cette agression.
Le communiqué du M20F auquel nous avons eu accès n’hésite d’ailleurs pas à dénoncer ouvertement une «violente agression par un criminel au service du Makhzen». Mounim Ouhti a annoncé des poursuites à venir contre l’agresseur présumé dont il détiendrait le nom et le signalement, et contre les commanditaires de ce qu’il décrit comme un «acte planifié». Cet acte ferait partie d’une politique d’intimidation dictée en hauts lieux, et qui regrouperait les arrestations, et les menaces, perpétrées dans plusieurs villes contre les militants du M20F.
Selon l’article 90 du code électoral de 1997, toujours en vigueur «Est puni d’emprisonnement d’un mois à trois mois et d’une amende de 1 200 à 5 000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque à l’aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, détourne des suffrages ou incite un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter».
Les appels au boycott du M20F sont donc reprochables du point de vue de la législation marocaine. Néanmoins, les militants s’estiment dans leur droit de sensibiliser le peuple marocain de ne pas aller voter «la même élite corrompue qui truque les élections, et fabrique des loi qui soumettent le peuple marocain depuis des années».