Emplois fictifs au FN : Philippot et le faux rapport sur le Maghreb    

C’est un secret de polichinelle. En France, le Front national (FN) est accusé d’avoir mis en place, sur deux mandatures au Parlement européen, un système généralisé pour rémunérer avec des fonds de l’Union européenne des personnes qui travaillaient en réalité pour le parti. Ces militants du parti de Marine Le Pen étaient alors présentés en tant qu'assistants parlementaires européens.

Une quinzaine de personnes, dont la fille de Jean-Marie Le Pen, ont déjà été mises en examen depuis le début de cette affaire, en mars 2015, certaines pour «complicité de détournements de fonds publics». Et le dernier à être dans le viseur de la justice française n’est d’autre que l’eurodéputé Florian Philippot, ancien numéro 2 du FN et fondateur du mouvement Les Patriotes.

Il est ainsi soupçonné d’avoir demandé à son entourage de rédiger un faux rapport pour créer l’illusion d’une activité fournie par l’une de ses attachées parlementaires, Ferial Mostefai, soupçonnée de travail fictif, rapporte Libération.

Devant les enquêteurs, Florian Philippot a expliqué avoir eu «besoin d’une personne [lui] faisant une revue de presse avant de commencer [sa] journée». «Je lui ai demandé de contribuer sur un rapport entre les relations de l’UE et le Maghreb, avec un focus sur l’Algérie», étant donnée que Ferial Mostefai est Franco-algérienne. Seulement, une source au Parlement européen, auditionnée plusieurs semaines avant lui, a rapporté aux policiers que le rapport avait été commandé à une tierce personne.

Un dossier de 52 pages censé apporter un éclairage sur les perspectives d’échange entre l’Union européenne et le Maghreb, signé Ferial Mostefai et daté du 6 mars 2015. Mais, selon Libération, le texte aurait été rédigé «entre le 15 octobre 2015 et le 26 septembre 2016, sans doute dans les premiers mois de 2016». De plus, «derrière le titre ampoulé de la longue note se cache en réalité une compilation de copier-coller d’introductions de pages Wikipédia, pas même réécrites, ou à peine», révèle le journal français.

La rédaction dudit rapport aurait eu lieu plusieurs mois après le départ de Mostefai. Celle-ci est devenue, après le début de l’enquête du Parlement sur les assistants, coordinatrice de campagne de Florian Philippot pour les élections régionales, conclut-il.