France : L’IMA a-t-il déprogrammé une chanteuse sahraouie «sous pression du Maroc» ?    

Prévu le 10 mars à 17h30 à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le concert de l’artiste sahraouie Aziza Brahim n’aura finalement pas lieu. Dimanche, l’IMA a indiqué que cette rencontre musicale «est annulée pour une raison indépendante de la volonté de l’artiste». «Les billets seront tous remboursés» et Aziza Brahim sera remplacée par le compositeur et musicien palestinien Faraj Suleiman.

Seulement voilà, l’argument fourni par l’IMA est remis en question par l’édition africaine de Radio France internationale (RFI). Citant des sources informées, RFI indique que le concert d’Aziza Brahim a été annulé «après que le Maroc a fait pression pour empêcher l’artiste de se produire». «Tout est parti d’un article paru le 29 janvier dernier sur un site marocain réputé proche du palais, le360 [qui] s’émouvait de la programmation à l’Institut du monde arabe d’Aziza Brahim, la qualifiant d’activiste du Front Polisario», poursuit la radio française.

Intitulé «Comment l’IMA, en invitant une activiste du Polisario, se trompe de vocation», l’article en question a présenté Aziza Brahim en tant qu’activiste du mouvement séparatiste, rappelant ses «liens avec ses dirigeants».

RFI fait état de «contacts» présumés entre l’IMA et l’ambassade du Maroc à Paris à propos ce concert, après la publication dudit article. Les diplomates du royaume auraient fait «pression sur les mécènes marocains qui financent régulièrement les projets de l’Institut, et qui finissent par menacer l’IMA de se désengager si le concert prévu initialement le 10 mars était maintenu», rapporte RFI.

L’occasion de préciser que c’est le président de l’institut, Jack Lang qui aurait «cédé finalement sous la pression». Contactée par la radio française, Aziza Brahim s’est dite «surprise (…) qu’une institution de ce calibre puisse céder à des pressions politiques étrangères alors que l’Institut s’occupe de programmation culturelle».