Les récentes révélations du site Le Desk atteste d’un possible abus de la part d’Atos quant au recours aux contrats ANAPEC. Au cours de l’année 2018, «Atos a fait appel à 277 contrats ANAPEC en 2018 (...) In fine, seulement 48 contrats ANAPEC ont été convertis en CDI, soit à peine 17 % du total». Pourtant une des obligations que se doit de tenir l’employeur est de transformer 60% des contrats ANAPEC en CDI. N'est-ce-pas une pratique non conforme à la loi et un abus de l'argent du contribuable ?
Je ne suis pas au courant de cette affaire et ça m’étonnerait. Ce n’est pas possible qu’un employeur prennent des contrats ANAPEC sans les transformer en contrats à durée indeterminée. Tout est dans notre système et les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations sont bloquées du système. Atos ne traite avec l’ANAPEC que dans la conformité avec les lois et règlements. Aucune action avec Atos, le menuisier, ou le boucher du coin n’est faite avec l’ANAPEC sans être conforme avec les lois en vigueur. La loi est intelligente ce n’est pas une loi de blocage. Elle n’est pas là pour asphyxier les gens. Mais si l’employeur a une réelle raison de ne pas transformer en CDI, la loi le lui permet.
Comment sont conclus ces contrats ?
L’entreprise rempli elle-même le contrat ANAPEC, elle ne vient chez nous que si elle veut une adaptation, parce que nous avons des outils qui nous permettent d’adapter la ressource. Si une entreprise a besoin de 20 ou 30 jeunes, l’Etat va l'aider à en trouver pour que le recrutement soit adapté pour ses besoins.
Tout le secteur d’offshoring a recours aux contrats ANAPEC, parce que c’est un acquis qui leur ait réservé par la loi. L’objectif est une insertion en douceur des jeunes. De plus cette loi prévoit et facilite l’intégration aussi bien pour l’employeur que l’employé. Les jeunes passent 24 mois et évoluent vers un contrat de droit commun.
Faites-vous un suivi de ces contrats ?
Avant les 24 mois ou le lendemain des 24 mois, les deux parties doivent conclure un contrat de droit commun. Lorsque le contrat est conclu, il y a affiliation et déclaration à la CNSS et nous, nous faisons le recoupement. Si au bout de 24 mois on ne retrouve pas les fameux 60% qui disposent d’un contrat commun, l’employeur remontera dans notre système comme étant en infraction. La société sera empêchée de bénéficier de ce type de contrats, pendant une certaine période, qui elle-même dépend du pourcentage de non observation de l’obligation. Mais jusqu’ici on n’a presque jamais eu à sanctionner.
Il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des résiliations de contrat, où abandon de la part des employés. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une population volatile. Si un jeune décide après quelques mois de changer d'entreprise, personne ne peut l’en empêcher.
Quoiqui'il en soit, il faut garder à l'esprit le côté positif. On paye pour les jeunes marocains pas pour l'entreprise. Le gouvernement marocain et l’ANAPEC, nous sommes en train d’accompagner nos jeunes pour leur insertion, c’est pour qu’ils valorisent leurs compétences pour ensuite travailler au Maroc ou ailleurs.
Est-ce comme cela que le co-développement appelé des voeux des dirigeants de part et d'autre de la Méditerranée va se réaliser? Pour ma part, j'en doute et je déplore cette approche court-termiste de la part d'un grand acteur de l'IT au Maroc.@ThierryBreton @Atos pic.twitter.com/tsC3O9e2Tw
— Douiri Ismail (@ismaildouiri) 4 février 2019
Epinglé par plusieurs haut responsables et acteurs de la scène publique, Atos aurait orchestré une «fuite de cerveaux» à ciel ouvert. Qu’en pensez-vous ?
La fuite de cerveaux, je ne la connais pas et ne la reconnais pas, car c’est contraire aux règles de base des droits humains. Parce que la fuite implique que vous êtes séquestré, alors que moi je suppose que tous les êtres humains sont libres et à leur tête les jeunes marocains. Donc il n’y a pas de fuite il y a de la mobilité et de la jouissance d’un droit élémentaire, qui est le droit à la mobilité.
Alors s’il s’avère qu’il y a quelqu’un qui est en train d’endoctriner les jeunes marocains pour les dégouter de leur pays ou qui leur impose de le quitter, là c'est répréhensible.
Ceux qui utilisent le terme fuite, devrait le corriger. Ces jeunes sont des cerveaux, des capacités, une valeur, et que s’ils partent cela ne devrait gêner personne, au contraire c’est une reconnaissance de leur valeur par les Américains, les Brésiliens ou autre. Ils sont en plein exercice de leur droit à la liberté.
Pour moi un jeune marocain qui s’épanoui dans son pays et contribue à son fleurissement, c’est tant mieux et s’il estime qu’il pourra s’épanouir ailleurs, cela reste son choix. D’ailleurs c’est dans le texte de loi, nous devons prospecter les opportunités d’emploi à l’étranger et assister tout jeune marocain qui le désire. C’est par exemple le cas des saisonnières parties en Espagne pour la récolte de fraise.