Présidentielle au Sénégal : Une femme d’affaires impliquée dans un négoce de voix à Casablanca

Active entre le Sénégal et le Maroc, S.N., ressortissante sénégalaise qui dit être militante du parti Alliance pour la République (APR) au pouvoir, a été rappelée à l’ordre par le consulat général de son pays à Casablanca pour avoir monnayé des voix contre des promesses de financement de projets. A la veille de l’élection présidentielle du Sénégal qui se tient ce dimanche, une lettre du consulat général datée du 22 février a été publiée dans ce sens, où la représentation diplomatique indique ne pas être en lien avec ces usages.

«Informé de ces rumeurs, le Consulat général a aussitôt convoqué [la femme] pour lui faire comprendre que toute personne qui détient des cartes d’identité de façon non conforme à la loi, encourrait des punitions et qu’elle devrait retourner ces cartes à leurs titulaires, faute de quoi, elle subirait les rigueurs de la loi», lit-on dans le document.

Une militante qui dit faire du social

Contacté par Yabiladi, le journaliste sénégalais Khadim Mbaye, basé au Maroc, explique en effet que la concernée avec qui il s’est entretenu se présente comme une militante du parti du président sortant, Macky Sall. De son côté, l’APR a démenti le fait qu’elle soit membre de la formation politique, nous explique-t-il.

Selon le journaliste, S.N. a reçu près de 700 cartes d’identité de Sénégalais travaillant au Maroc et en recherche de financement de leurs projets. Ainsi, la concernée leur a fait des promesses d’appui si l’actuel chef d’Etat, candidat pour un nouveau mandat, est réélu. «Elle dit qu’elle le fait par son propre argent et non pas celui de l’APR, ajoutant que ce n’est pas elle qui est allée vers les jeunes ayant déposé leur carte et qu’elle n’appuie pas seulement des projets pour les Sénégalais, car sa ‘porte est ouverte à tous’», nous explique Khadim Mbaye, indiquant que «cela reste du négoce de voix au nom de l’APR, qui ne veut pas être mêlé de cette affaire».

«La Délégation extérieure de la commission électorale nationale autonome (DECEMA) m’a indiqué ne pas être en mesure de sanctionner la concernée, mais elle a condamné la pratique en expliquant que celle-ci s’apparente à un achat de conscience lors d’une période électorale», ajoute Khadim Mbaye.

Après le rappel à l’ordre du consulat général, les cartes ont été resituées et la militante a été sommée de ne pas reproduire ces démarches. Après les Français, les Sénégalais sont les deuxièmes ressortissants étrangers installés au Maroc. Avec un peu plus de 6 000 Sénégalais vivant dans le royaume, ils repésentent 7,2% des 84 000 étrangers comptabilisés en 2014 par le HCP.