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Grand Angle

Maroc : Plus de 16% des emplois ne sont pas rémunérés et 59% des salariés sont sans contrat

Les récents chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP) sur le marché de travail marocain en 2018 rappellent que l’emploi non rémunéré concerne de nombreux actifs au Maroc, les femmes étant les plus concernées. Une situation précarisante, alors que 59% de salariés travaillent sans contrat.

(avec MAP)
Publié
Photo d'illustration / Ph. PNUD Maroc
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Près d’un actif occupé sur six, soit 16,4%, exerce un emploi non rémunéré, selon les derniers chiffres publiés par le HCP concernant le marché de travail marocain en 2018. L’institution indique que 33% de ces travailleurs sont dans le milieu rural et 3% en zones urbaines. Ces chiffres, révélateurs de la précarisation du secteur, indiquent que les femmes sont les plus touchées, puisqu’elles représentent 39,3% contre seulement 9,5% des hommes. Pour les femmes rurales, ce taux atteint 70,5%.

Les jeunes de moins de 25 ans sont également concernés à 45,5%, ce chiffre baissant à 11,2% pour la tranche 45 ans et plus. Chez les non diplômés, l’emploi non rémunéré concerne 21,2% contre 9,9% pour les diplômés. La note du HCP indique par ailleurs que 9,1% des actifs occupés exercent un emploi de type occasionnel ou saisonnier (11,2% dans les campagnes et 7,4% dans les villes). 6,2% travaillent le jour et la nuit, dont 8,6% en milieu urbain et 3,2% en milieu rural, tandis que 2,5% alternent le jour et la nuit et 1% travaillent uniquement la nuit.

40,4% des travailleurs exercent plus de 48 heures par semaine (45,3% parmi les citadins et 34,4% parmi les ruraux), souligne le HCP, faisant remarquer que la durée excessive de travail concerne les hommes (48,7%) plus que les femmes (12,8%). Par secteur, près de la moitié exerce dans les BTP et les services et travaille plus de 48 heures par semaine. Quant à la protection de l’emploi, un peu plus d’un actif occupé sur 4 (26,1%) bénéficie d’une couverture médicale liée à l’emploi (38% dans les villes et 11,4% dans la campagne).

Le HCP constate qu’avoir un diplôme augmente les chances d’accéder à un emploi assurant une couverture médicale, tandis que la part des actifs diplômés affiliés à un système de couverture médicale augmente, passant de 14,6% parmi les non diplômés à 73,4% parmi les titulaires d’un diplôme de niveau supérieur.

La majorité des travailleurs exercent sans contrat

Selon le HCP, 59,4% de salariés ne disposent pas de contrat qui formalise leur relation avec l’employeur. Ainsi, 7,1% seulement disposent d’un contrat verbal, 8% d’un contrat à durée déterminé et 24% d’un contrat à durée indéterminée. La part des salariés ne disposant pas de contrat s’élève à 79,7% en milieu rural, contre 52,1% en milieu urbain ; à 48,8% parmi les femmes et 62,1% chez les hommes. Les jeunes et les non diplômés restent les catégories les plus touchées par la précarité de l’emploi, souligne la même source, relevant que le taux de contractualisation des jeunes de moins de 25 ans est de 21,2%.

Les non diplômés, eux, enregistrent un taux de contractualisation faible (20,8%) par rapport aux diplômés et surtout les diplômés de niveau supérieur pour lesquels cette proportion atteint 77,2%. Par ailleurs, la majorité des actifs occupés (95,7%) ne sont affiliés à aucune organisation syndicale ou professionnelle (92,9% en milieu urbain et 99,2% en milieu rural, 95,7% parmi les hommes et 95,9% chez les femmes).

Dans l’ensemble, 92,8% des salariés ne sont affiliés à aucune organisation syndicale ou professionnelle (91% en milieu urbain et 98,2% en milieu rural), note la même source. Au volet du sous-emploi, le HCP souligne que ce phénomène, tel qu’observé par l’Enquête nationale sur l’emploi, est constitué de deux composantes : la première est liée au nombre d’heures travaillées et la deuxième aux autres formes d’emplois inadéquats, notamment l’insuffisance du revenu du travail et l’inadéquation entre la formation et l’emploi.

Le sous-emploi concerne plus d’un million de travailleurs

Le sous-emploi des deux dimensions ressort ainsi à 1 033 000 personnes au niveau national en 2018, contre 1 044 000 une année auparavant, en baisse de 11 000 personnes. Entre les deux années, l’effectif global de la population en situation de sous-emploi a également baissé dans les villes et les campagnes. Ce taux est passé de 9,8% à 9,6% au niveau national (8,7% en milieu urbain et 10,6% en milieu rural). Par genre, plus de 8 actifs occupés en situation de sous-emploi sur 10 (86,6%) sont des hommes, fait remarquer le HCP, notant que l’incidence du sous-emploi parmi les masculins (10,8%) représente le double de celle des féminins (5,5%).

La note indique, aussi, que le taux de sous-emploi le plus élevé est enregistré parmi les hommes et les garçons de 15 à 24 ans (15,9%), tandis que la majorité (83,6%) des sous employés sont soit sans diplôme (54,6%) ou disposent d’un diplôme dont le niveau ne dépasse pas le certificat de l’enseignement fondamental (29%). Le HCP relève que parmi les diplômés, la probabilité d’être en situation de sous-emploi la plus forte est enregistrée pour les titulaires de certificats en spécialisation professionnelle (16,4%), la plus faible parmi les titulaires de diplômes supérieurs délivrés par les facultés (10%).

Par région, près des trois quarts (73%) des sous-employés sont concentrés dans cinq régions à savoir Fès-Meknès (17,5%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (16,3%), Casablanca-Settat (14,7%), Rabat-Salé-Kénitra (12,8%) et Béni Mellal-Khénifra (11,3%). Les taux de sous-emploi les plus élevés sont observés dans les régions de Béni Mellal-Khénifra (15,1%), Fès-Meknès (14,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (14%).

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