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Grand Angle

Hausse des frais : La baisse des inscriptions étrangères inquiète les universités françaises

Deux mois après une décision du gouvernement français d'augmenter les frais d’inscription des étudiants étrangers dans les universités du pays, ces dernières accusent des baisses inquiétantes. Les chiffres ne seraient pas aussi «stables» que l’avance la ministre de tutelle.

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En France, l’Université de Paris VIII est parmi celles qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants étrangers / Ph. DR.
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Le 19 novembre 2018, le gouvernement français annonçait une augmentation des frais d’inscription pour les candidats étrangers à l’Union européenne, dans le cadre du plan «Bienvenue en France». Depuis, des baisses importantes de dépôts de dossiers ont été observées. L’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, Campus France a annoncé dans un communiqué le 5 février dernier que «le nombre d’étudiants étrangers hors Union européenne candidats à une première année à la fac est en baisse de 10% pour la rentrée prochaine».

En effet, cette mesure prive nombre de ressortissants, essentiellement issus d’Afrique d’envisager des études en France. De 170 euros, les frais d’inscription en licence pour la rentrée 2019 passent à 2 770 euros. De 243 et 380 euros, ceux du master et du doctorat sont désormais fixés à 3 770 euros.

Dans ce sens, Campus France a comparé entre les 28 294 dossiers soumis à ce stade aux 31 532 dossiers déposés en 2018. Citée par Libération, l’agence indique que ces chiffres «ne concernent que les candidatures en licence 1, via la plateforme Etudes en France», les inscriptions en licence 2, licence 3, master et doctorat étant en cours jusqu’au 20 mars.

Jusqu’à 87% de baisse des candidatures

La ministre de tutelle, Frédérique Vidal ne partage pas l’inquiétude des universités à ce propos. Devant l’Assemblée nationale, elle s'est même félicitée d’une «sorte de stabilité dans les préinscriptions», rapporte Libération. «Difficile de tabler sur une "stabilité" et d’affirmer que "les craintes [du monde universitaire] s’avèrent infondées"», souligne le média français ayant contacté les établissements qui accueillent les étudiants étrangers.

«En prenant en compte toutes les demandes sur le cycle LMD, la baisse des préinscriptions est bien plus alarmante», révèle le journal. «L’Université Paris VIII accuse une baisse de 87% candidatures d’étudiants étrangers, tous niveaux confondus», poursuit-il. 

Annick Allaigre, présidente de l’université, citée par le Journal de Saint-Denis, se dit «sidérée». Elle rappelle que son établissement a exprimé son opposition à cette mesure depuis le 23 novembre 2018, à l’image de l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Saint-Denis début décembre. Mais contrairement à d’autres établissements, Paris VIII explique ne pas être en mesure de se joindre aux universités ayant décidé de geler l’application de cette hausse, pour des considérations financières relatives au fonctionnement. Auprès du média local, Annick Allaigre souligne en revanche que «la dimension internationale de Paris VIII a été présente dès sa construction, avec l’idée de diversité, qui est aujourd’hui menacée».

La solidarité associative pourrait ne plus suffire

En seconde position, «l’université du Havre accuse également une baisse importante des préinscriptions», note par ailleurs Libération. «Nous sommes à 50% de candidatures en moins par rapport à fin janvier 2018», déclare au média Mickaël Hauchecorne, vice-président délégué en charge de l’international. 

«Nous avons reçu une grande quantité de mails d’étudiants qui s’inquiètent de ne pas pouvoir nous rejoindre pour des raisons financières», explique encore Mickaël Hauchecorne à Libération, notant que les étudiants sont nombreux à joindre difficilement les deux bouts «malgré le soutien du tissu associatif havrais». «Imaginez la situation lorsque nous passerons à 2 700 euros ou 3 770 euros», s’inquiète-t-il.

Lundi dernier, la Mission de concertation sur la stratégie «Bienvenue en France» a publié ses recommandations, préconisant d’exempter les doctorants de cette hausse de frais. Le ministère français de l’Enseignement supérieur ne s’est pas exprimé là-dessus, mais l’opposition au maintien de la hausse des frais d’inscription a souvent rassemblé les députés français de part et d’autre, tandis que Frédérique Vidal soutient que cette mesure ne sera pas annulée.

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