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Grand Angle

Maroc - Arabie saoudite : L'étonnant silence de la diplomatie marocaine

Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale observe un étonnant silence quant au «rappel» de l’ambassadeur du royaume en Arabie saoudite. Un cas qui, certainement, entrera dans les annales de la diplomatie marocaine puisque c’est l’ambassadeur lui-même qui a confirmé l'information relayée la veille par une agence de presse internationale.

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Mustapha Mansouri, ambassadeur du Maroc en Arabie Saoudite. / DR
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Ce n’est pas la première fois que le Maroc rappelle pour consultation un de ses ambassadeurs à l’étranger. Dans pareilles circonstances, les autorités marocaines réagissent toujours selon un modus operandi bien établi.

Les annonces se font à visage découvert et par des voix officielles. Seulement, le «rappel» de l’ambassadeur du Maroc en Arabie saoudite, cette semaine, déroge de cette règle. L’information est tout d’abord révélée, jeudi soir, par l’agence Associated Press avant que l’ambassadeur lui-même n’interviennent, dans une déclaration aux médias, pour confirmer son rappel. En attendant, la diplomatie marocaine n’a toujours pas réagi à cette affaire pourtant hautement sensible.

Une situation pour le moins inédite, sachant que par le passé, c’est le ministère des Affaires étrangères qui annonçait officiellement à l’opinion marocaine et au niveau international la décision souveraine du royaume de rappeler un de ses diplomates. 

Espagne, Algérie, Pays-Bas et Venezuela : Des rappels à visage découvert

Ainsi, en octobre 2001, les relations avec l’Espagne de José Maria Aznar sont très froides. Le Maroc décide alors de rappeler son ambassadeur Abdeslam Baraka «pour une durée indéterminée», selon les termes du communiqué du département des Affaires étrangères. En cause, «un certain nombre d'attitudes et de prises de position espagnoles concernant le Maroc».

En novembre 2007, Rabat opte pour la même mesure afin de protester contre la visite du roi Juan Carlos à Ceuta et Melilla. Cette fois, c’est le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri qui a été mandaté pour livrer la version de Rabat.  «Il s'agit d'un acte fort après que nous eûmes exprimé notre rejet de cette visite. Nous nous attendions à une gestion appropriée de ce dossier (Ceuta et Melilla) de la part de la partie espagnole. Manifestement, elle n'a pas eu lieu et le rappel (de l'ambassadeur) est une suite logique de notre part», avait-il indiqué.

Le 30 octobre 2013, le royaume rappelle son ambassadeur en Algérie en riposte à un message écrit d'Abdelaziz Bouteflika à une réunion de syndicats africains à Abuja. Dans ce dernier, il plaidait pour un élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara. «Cette décision fait suite à la multiplication des actes de provocations et d'hostilités de l'Algérie à l'égard du Royaume», expliquait alors le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le même département avait annoncé aux Marocains une mesure similaire suite aux propos d’Abdelkader Messahel d’octobre 2017, accusant le Maroc de blanchir l’argent de la drogue en Afrique. Et il en est de même avec les Pays-Bas en juin de la même année. Sans oublier le cas du Venezuela en 2009. Encore une fois, c'est le MAECI qui avait justifié le rappel de l’ambassadeur marocain dans ce pays.

Dans le cas de l'Arabie Saoudite, jusqu'ici aucune communication officielle n'est venue acter le «rappel» de l’ambassadeur du royaume. Doit-on en conclure que les fils du dialogue ne sont pas complètement rompus ?

Article modifié le 08/02/2019 à 20h02

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