Au temps où les arabes dansaient… De ce titre du film documentaire de Jawad Rhalib, tout de suite on s’imagine la période faste de la musique arabe avec Oum Kalthoum, Farid El Atrache, Asmahan, Abdel Halim Hafez. Ou plus proche de nous, Abdelhadi Belkhayat, Latifa Raâfat, Nass El Ghiwane, Mohamed Rouicha et d’autres encore.
Ces grands noms de la chanson dans le monde arabe côtoyaient d’illustres personnages du cinéma, du théâtre, de la littérature, de la poésie… et puis soudain, cette effervescence postindépendances, celle qu’on croyait constituer la Renaissance arabe s’est essoufflée. Les hirondelles de Kaboul ne chantent plus. Yasmina Khadra et beaucoup d’autres femmes et hommes du monde arabe ne dansent plus.
Que s’est-il passé ? Pour le réalisateur beglo-marocain Jawad Rhalib, la faute à l’intégrisme, aux forces rétrogrades, au refus des libertés, aux mentalités étriquées. Son dernier documentaire jette un regard cru, sans concession, sur les maux des sociétés arabo-musulmanes. Mais il les aborde aussi avec un brin de nostalgie, de la tendresse pour celles et ceux qui dansaient et qui dansent encore aujourd’hui, éternellement libres, parfois au péril de leur vie.
Sa caméra nous fait voyager de l’orient vers l’occident pour mieux faire dialoguer les deux mondes qui ont en commun notamment ces millions de citoyens européens originaires des pays arabo-musulmans. La clé ? Les libertés. La serrure ? La culture, pour ouvrir grand les portes de notre épanouissement. Jawad Rhalib pourrait faire sien le titre d’une des chansons présente dans le film Le Destin de Youssef Chahine : «Âlli sotak, âlli sotak».
Réécouter l’émission en podcast :