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Grand Angle

Sidi Boubker : Un MRE voit son village natal disparaître de sa carte d’identité

Mercredi, un Franco-marocain vivant à Paris a eu la mauvaise surprise de voir son lieu de naissance modifié sur sa carte d’identité marocaine, nouvellement refaite. Natif du village minier de Sidi Boukber, il est désormais déclaré né à Touissit (Oriental), ce qu’il conteste avec tristesse.

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Village de Zellidja Sidi Boubker / Ph. Brahim FARAJI - Wikimedia Commons (CC)
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«Après une légère euphorie suite à un SMS du consulat du Maroc me demandant de récupérer ma carte d’identité marocaine, enfin, après plus de deux ans de péripéties dont un an au tribunal, ma déception ce matin est teintée d’une vexation». Par ces mots, Aziz Lamrani exprime son profond regret de voir son lieu de naissance «supprimé et remplacé par une commune de rattachement». «Je ne suis pas né là-bas mais dans mon village chéri dont je suis fier», explique-t-il.

En effet, né à Sidi Boubker, village distant de trois kilomètres de la frontière algérienne, il confie à Yabiladi sa fierté d’être issu d’un village minier où se sont côtoyées plus de 20 nationalités. Le lieu a été connu entre les années 1930 et 1970 comme le deuxième exportateur mondial de minerais. Son rattachement à un village voisin, Touissit, pose beaucoup des problèmes à Aziz Lamrani, comme il nous l’explique : «Pour récupérer des documents, il faut se rendre à cette nouvelle administration, mais ce que je n’admets pas, c’est qu’on me mette mon lieu de naissance dans cette commune alors que je n’y suis pas né. Etant Marocain résidant à l’étranger depuis longtemps, je suis particulièrement attaché à mon village, où la diaspora marocaine contribue grandement dans les activités associatives sociales.»

Un rattachement administratif qui laisse les MRE impuissants

Cette situation ne relève pas d’une éventuelle erreur, puisque le Franco-marocain affirme que le cas s’est présenté à deux de ses amis, également nés à Sidi Boubker. En dehors de l’aspect d’appartenance qui reste important au regard de notre interlocuteur, cette situation est problématique à plusieurs égards.

«Puisque j’ai la double-nationalité, cela me pose problème au niveau de la France, car le lieu de naissance ne correspond plus à celui déclaré dans mes papiers français d’autant plus qu’il y a moins de deux mois, j’ai pu récupérer un extrait de naissance avec le nom de mon village natal.»

Aziz Lamrani

«Quand je viendrai au Maroc et que je demanderai un document où je dois présenter mes papiers avec des extraits, le lieu de naissance s’avèrera différent et je crains que cela me pose problème», s’inquiète encore Aziz Lamrani. «Je ne suis pas né à Touissit et j’aimerais garder le nom de mon village natal sur mes papiers, parce que j’y tiens beaucoup, c’est très symbolique et il n’y a pas de raisons que je sois déclaré né dans un village différent du mien», nous explique-t-il encore.

Une diaspora qui se rend utile à Sidi Boubker

Aziz Lamrani nous explique que son village natal, connu par les locaux comme «Zellidja» du nom de la société minière autour de laquelle il s’est développé en 1932, est «malheureusement aujourd’hui livré à lui-même», après avoir été un levier économique puissant dans la région. En effet, «depuis les années 1930, Zellidja a été le deuxième exportateur mondial de plomb et de zinc et son fondateur avait donnée ce nom comme deuxième appellation communément partagée entre les habitants locaux», nous explique encore le MRE.

Aussi, pour donner de l’espoir aux plus jeunes du village et leur permettre une ouverture vers leur avenir, Aziz Lamrani est également engagé auprès de l’Association des enfants de Zellidja Sidi Boubker à Paris. Depuis là-bas, celle-ci contribue considérablement à venir en aide aux écolier et au femmes du village, avec l’appui des natifs installés en France. Aujourd’hui conseiller au président de l’association, Aziz Lamrani nous explique que ce travail est effectué en coordination avec une antenne basée à Sidi Boubker.

«Sur place, nous avons même un centre social, avec une boulangerie solidaire qui emploie trois à quatre filles et qui mène plusieurs actions dans le village», nous confie fièrement l’associatif, ajoutant que son organisation fournit par exemple des pains au chocolat tous les matins aux enfants et aux écoliers, et propose aux femmes des cours d’alphabétisation ou encore des formations en couture. «C’est encore plus pour cela que je tiens à l’identité de Sidi Boubker dans mes papiers, car il serait dommage de perdre toute cette belle symbolique», indique Aziz Lamrani.

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