Menu

Grand Angle

La situation au Venezuela divise les partis de la gauche marocaine

Si Driss Lachgar (USFP) considère que l’opposition au Venezuela dispose d’une «légitimité démocratique incontestable», Nabil Benabdallah estime que «le peuple vénézuélien doit lui-même trancher comme bon lui semble». Le PSU, tout comme Annahj démocratique, ne cachent pas leur opposition à l’ingérence américaine dans la crise que connaît ce pays d’Amérique latine.

Publié
Des militants de l'opposition participent à une marche, le 23 janvier 2019 à Caracas, au Venezuela. / Ph. Luis Robayo - AFP
Temps de lecture: 3'

Alors qu’au Venezuela, la crise politique que connaît ce pays d’Amérique latine ne fait que commencer, la situation entre un Nicolas Maduro qui tient toujours à briguer un second mandat et un Juan Guaido qui s’est autoproclamé chef d’Etat par intérim, la gauche marocaine ne sait plus à quel saint se vouer.

Si les partis faisant partie de la coalition gouvernementale n’ont pas officiellement communiqué leurs positions respectives, ceux de l’opposition ou non représentés au Parlement soutiennent déjà l’actuel président vénézuélien pourtant reconnu comme tel par aucune puissance internationale.

Driss Lachgar, l’opposition au Venezuela et sa «légitimité démocratique incontestable»

Pour le premier groupe, il s’agit de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Aucun d’eux n’a, jusqu’à maintenant, brisé le silence des officiels marocains sur la question vénézuélienne. Contacté ce mercredi par Yabiladi, Driss Lachgar, premier secrétaire du parti de la Rose, dit «suivre de près ce qui se passe au Venezuela».

«Dans le cadre de ce suivi et selon ma position personnelle, je pense que la situation sur le terrain dans ce pays, très compliquée et épineuse, appelle à la retenue», nous déclare-t-il, rappelant le «discours de gauche» de la présidence vénézuélienne tout comme sa position quant à «l’intégrité territoriale du Maroc».  

«Personnellement je penche vers la démocratie qui doit régner. Mais, dans le cadre de la retenue et la position de l’USFP, notamment dans des réseaux internationaux, je crois qu’il faut attendre et recueillir assez de données sur le sujet, surtout avec l’intervention de l’opinion publique internationale.»

Driss Lachgar

Tout en estimant que «la question ne nécessite pas une position dans l’immédiat», notre interlocuteur estime que «l’opposition vénézuélienne a des bases solides puisqu’elle vient d’arriver et contrôle déjà le Parlement, le président de ce dernier disposant donc d’une légitimité démocratique incontestable».

Le PPS contre l’ingérence dans les affaires internes du Venezuela

Mais Driss Lachgar rappelle que l’USFP est membre de deux réseaux internationaux, à savoir l’Alliance progressiste et l’Internationale socialiste. «Nous attendons donc la position de cette dernière, réunie actuellement en République dominicaine», conclut-il.

Pour sa part, Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) reste catégorique. «Il s’agit d’une question interne et souveraine de ce pays et le peuple vénézuélien doit lui-même trancher comme bon lui semble», nous déclare-t-il.

Interpellé sur la réaction rapide du PPS quant au cas du Soudan et son silence sur le Venezuela, le secrétaire général du parti du Livre s’explique. «Pour le cas du Soudan, il n’y a pas d’ingérence ou d’intervention d’une force étrangère dans la crise que connait ce pays alors que pour le Venezuela, nous estimons qu’il ne faut pas s’ingérer dans les problèmes des peuples», nous confie-t-il.

«Je parle là des puissances qui veulent imposer leur propre vision à un peuple. Mais nous ne sommes pas appelés à s’aligner sur la position du pouvoir en place au Venezuela ou soutenir ceux qui souhaitent le remplacer.»

Mohamed Nabil Benabdallah

Le PSU, Annahj et le soutien du président Maduro

De son côté, la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Nabila Mounib, souligne que les partis de la Fédération de la gauche démocratique se réunissent ce samedi pour annoncer une position commune sur cette question. Mais elle nous rappelle la position initiale de son parti, «opposé à une intervention sioniste impérialiste dans la volonté des peuples pour les agenouiller». «Ce sont les peuples qui font leur présent et leur avenir. Cela doit être respecté, c'est la base», insiste-t-elle.

«Notre position de principe est toujours le droit des peuples à l'autodétermination, dans le cadre de la possibilité de leur libération et de leur émancipation afin de mener une vie décente. Il y a des intérêts géostratégiques conséquents pour arriver à contrôler le pétrole vénézuélien par des entreprises américaines et il y a plusieurs lobbies pour créer une opinion et soutenir une partie déterminée contrairement à une autre.»

Nabila Mounib

Pour la secrétaire générale du PSU, «les Marocains rappellent que le Venezuela ne reconnait pas la marocanité du Sahara alors que cette reconnaissance est notre mission». «Qu’avons-nous fait à l’égard du Venezuela ou d’autres pays qui ne reconnaissent pas la marocanité du Sahara ?», s’interroge-t-elle avant de considérer que «c’est aux Marocains de faire parvenir leur point de vue et convaincre quant à leur intégrité territoriale».

«Le problème est complexe, mais nous le comprenons dans un cadre géostratégique international comme une nouvelle tentative de l'hégémonie sioniste impérialiste sur l'Amérique du Sud, ciblant le Venezuela», conclut-elle.

Une position du PSU qui rejoint celle exprimée, la semaine dernière, par Mustapha Brahma. Le secrétaire général d’Annahj démocratique avait confié à Yabiladi que son parti «condamne l’ingérence des Etats-Unis qui soutient le coup d’Etat contre la légitimité du pouvoir». «Nicolas Maduro représente cette dernière et la respecte car il est élu par le peuple vénézuélien», avait-il dit avant de déclarer son soutien au président vénézuélien.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com