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Grand Angle

Maroc : «La grippe porcine peut être très agressive vis-à-vis des sujets fragiles»

Enceinte, Yousra H. est la première victime de la grippe porcine au Maroc cette année. Le médecin spécialiste Abdelaziz Bakhatar souligne qu’il ne «s’agit nullement d’une épidémie» et qu’il faut privilégier une certaine catégorie de personnes particulièrement vulnérables face à ce virus.

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Photo d'illustration. / Ph. DR
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Le décès tragique d’une femme enceinte dû à la grippe porcine a été enregistrée ce lundi à Casablanca. Dans un premier temps, la défunte a été admise dans une clinique privée à Fès pour une infection urinaire et une pneumopathie pendant quatre jours, précise un communiqué de l’hôpital Cheikh Khalifa, où la patiente a été transférée dans un second temps.

Jeudi 24 janvier, Yousra H. a été transférée à 2 heures du matin à Casablanca «dans un état critique pour détresse respiratoire sous ventilation mécanique», poursuit-on de même source. Dès son arrivée, «la suspicion de la grippe A H1N1 a été évoquée», après quoi la direction médicale de l’hôpital en a informé la direction régionale du ministère de la Santé, ainsi que les services épidémiologiques compétents.

L’antigrippal Tamiflu, utilisé pour le traitement et la prévention des grippes A et B, lui a été administré, bien que «la période d’efficacité du produit ait été largement dépassée lors de l’admission de la patiente à l’hôpital», poursuit le communiqué. Samedi 26 janvier dans l’après-midi, l’état de la patiente s’est aggravé. Samedi dans l’après-midi, une césarienne a été pratiquée et le bébé placé sous couveuse et ventilation artificielle. La mère décédera dans la matinée de lundi.

Le virus demeure agressif à l’égard de certaines personnes

Contacté par Yabiladi, le professeur Abdelaziz Bakhatar, spécialiste en maladies respiratoires, indique que le virus de la grippe A H1N1 demeure «particulièrement agressif vis-à-vis de certaines personnes, notamment les sujets âgés, les enfants et les femmes enceintes».

Le virus ayant entraîné la mort de cette première victime cette année «est le même que celui détecté chez d’autres patients au Maroc durant la même période», précise Abdelaziz Bakhatar. Ils ont pu être contaminés après avoir été en «contact avec l’animal qui lui en donne le nom, à savoir le porc, ou même certaines espèces d’oiseaux, qui peuvent être également porteuses de ce virus», poursuit le spécialiste, soulignant que «la transmission peut également se faire entre humains, cette grippe étant aussi interhumaine».  

La réel danger de ce virus est qu’il «prépare le terrain à d’autres bactéries qui vont compliquer les choses», précise Abdelaziz Bakhatar. Ainsi, tout dépend du récepteur du virus : si pour certains il ne suffira que de quelques antibiotiques et vitamines, l’état de santé d’autres patients peut se compliquer. En particulier, «tous les sujets âgés de plus de 65 ans, tous ceux qui ont des comorbidités, c’est-à-dire des terrains fragiles, notamment des insuffisances cardiaques. Ceux qui sont diabétiques ou qui sont sous dialyses doivent bénéficier de cette vaccination antigrippale car ils restent plus fragiles face à ce virus».

Vaccination pour les plus vulnérables

Ces personnes doivent alors bénéficier en priorité d’une vaccination qui existe depuis plus d’une dizaine d’années au Maroc. «Le vaccin est disponible dans toutes les pharmacies. Chaque année nous essayons de vacciner le maximum de ces personnes dites fragiles, y compris les femmes enceintes», souligne le médecin spécialiste.

Un conseil également prodigué par le ministère de la Santé, qui a affirmé qu’il veillait au renforcement de la surveillance de la situation épidémiologique pendant la saison hivernale, et a recommandé aux citoyens de se faire vacciner contre le virus, particulièrement les personnes atteintes de maladies chroniques, les femmes enceintes, les enfants âgés entre 6 mois et 5 ans ainsi que les personnes âgées de plus de 65 ans.

Il est à noter que toute personne peut acheter son vaccin sans ordonnance, qui lui sera injecté par son médecin traitant. L’administration du vaccin doit se faire de façon annuelle, entre septembre et février, précise enfin notre interlocuteur.

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