Menu

Grand Angle

Casablanca : L’histoire de Lemriss, un SDF annoncé comme mort et miraculeusement rescapé

Annoncé comme mort, Bilal A., surnommé Lemriss, est bel et bien vivant. L’un de ses amis, lui aussi ancien pensionnaire d’un orphelinat, l’a retrouvé et nous raconte ce terrible drame, loin d'être isolé.

Publié
Bilal A., surnommé Lemriss, est bel et bien vivant. / Ph. DR
Temps de lecture: 2'

L’association Jood, qui œuvre auprès des sans-abris à Casablanca, El Jadida et Marrakech, a fait état, le 15 janvier dernier, du décès d’un homme sans domicile fixe, un dénommé Lemriss. Un drame qui a à la fois ému et scandalisé les internautes, et a été rapporté dans plusieurs articles de presse.

Contacté par nos soins, les autorités locales de Ain Chock nous ont affirmé «n’être au courant de rien». Or quelques jours après la publication du post Facebook de l’association, un internaute a publié une photo de Lemriss, annonçant qu’il l’avait retrouvé et qu’il n’était pas mort.

Aziz F., un agent de tourisme, nous dit connaître Lemriss depuis plusieurs années. Lui et Lemriss étaient autrefois dans le même orphelinat. Lui et un groupe d’amis, tous des anciens pensionnaires du même orphelinat, se sont lancés à la recherche de son corps afin de lui offrir une sépulture digne, nous explique-t-il.

Une souffrance dans le silence

Lemriss s’appelle en réalité Bilal A. et a aujourd’hui 53 ans. Lui et ses frères étaient pensionnaires à l’orphelinat de l’Association musulmane de bienfaisance. Après être parti clandestinement aux Pays-Bas, il est rentré au Maroc à la fin des années 1990. «A son retour, Bilal A. dormait dans l’orphelinat, et le matin il effectuait quelques petites bricoles», précise notre interlocuteur. En réalité, «il errait dans les rues et ne voulait pas rester chez ses frères car il voulait faire sa propre vie», poursuit-il.

Bilal A., est à la rue depuis plusieurs années./Ph.DRBilal A. est à la rue depuis plusieurs années. / Ph. DR

L’orphelinat a été démoli il y a plus de deux ans. «C’est à ce moment-là qu’il a vraiment commencé à vivre dans la rue», précise-t-il. Une souffrance dans le silence jusqu’à ce 15 janvier, lorsqu’on annonce sa mort sur les réseaux sociaux. «Quand les gens l’ont retrouvé, Bilal ne bougeait plus. Ils ont donc pensé qu’il était mort, alors qu’il était en réalité en sévère hypothermie», ajoute Aziz F.

Le lendemain, en compagnie d’anciens pensionnaires de l’orphelinat, il part à la recherche de son corps et sillonnent plusieurs hôpitaux de Casablanca. «On est d’abord allé à l’hôpital Sekkat et, là-bas, on nous a dit qu’il avait été transféré au CHU Ibn Rochd. Une fois au CHU, on l’a cherché à la morgue et on a regardé tous les corps, pensant qu’il avait sûrement été inscrit comme X fils de X».

Après avoir passé en revue la liste des patients ayant intégré l’hôpital, c’est là que, «par hasard, on l’a retrouvé par terre sous les escaliers des urgences. A l’hôpital, on n’a même pas pris soin de lui alors qu’il était blessé à l’avant-bras», s’insurge-t-il.

Ses amis l’ont ensuite emmené avec lui pour qu’il prenne une douche et change de vêtements. Ils l’ont emmené en compagnie de son frère à l’hôpital de Tit Mellil mais, une fois sur place, «le personnel n’a pas voulu l’accueillir». Après une nuit chez son frère, Lemriss s’est finalement rendu chez le barbier pour faire peau neuve. Il a finalement été interné et pris en charge. Aziz F. nous explique qu’on lui «a donné des vitamines et qu’ils procéderont dans les jours à venir à des radios».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com