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Histoire : Quand le Zoo de Londres abritait des lions de l’Atlas en provenance du Maroc

En 1200, un zoo royal à Londres hébergeait des lions de Barbarie parmi d’autres animaux sauvages exotiques. Des scientifiques avaient suggéré, suite à la découverte des crânes de ces lions des siècles plus tard, que ces animaux appartiennent à la famille des Lions de l’Atlas, ayant vécu principalement au Maroc pendant plusieurs siècles.

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Un lion de l'Atlas captif dans le palais royal de Fès. / Ph. DR
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Ils sont une fierté pour le peuple marocain, un symbole du royaume et un surnom de son équipe nationale de football. Les Lions de l’Atlas, également appelés lions de Barbarie, parcouraient les montagnes de l’Atlas au Maroc, où ils ont vécu pendant des siècles avant leur disparition.

Mais ces espèces sauvages faisaient également partie du tout premier zoo de Londres. Etabli dans les années 1200, le zoo royal situé dans la tour de Londres, un château historique sur la rive nord de la Tamise au centre de Londres, abritait deux lions de l’Atlas.

La ménagerie du roi Henri III

«De 1200 à 1835, la tour abritait une ménagerie d’animaux sauvages exotiques, encore jamais vus à Londres, comprenant des lions et un ours polaire offerts en cadeau royal», écrivait le Historic Royal Palaces.

Selon cet organisme de bienfaisance indépendant qui gère certains des palais royaux inoccupés du Royaume-Uni, le roi Henri III s’est vu offrir, en 1235, trois «léopards». La même source précise qu’il s’agit «probablement de lions appelés léopards dans l’héraldique du bouclier du roi».

Les trois grands félins avaient inspiré le roi, qui régnait sur l’Angleterre de 1216 à 1272, pour créer un zoo à la tour. «Au fil du temps, la collection d’animaux a augmenté : un ours polaire s’est joint aux Lions en 1252, tout comme un éléphant d’Afrique en 1255», ajoute la même source.

Des Lions de l'Atlas en captivité en Afrique du Nord. / Ph. DRDes Lions de l'Atlas en captivité en Afrique du Nord. / Ph. DR

Le prédécesseur de la reine Elizabeth I, Jacques Ier, perpétuera la tradition initiée par le roi Henri III en prenant soin des lions de l’Atlas hébergés dans la ménagerie royale. Historic Royal Palaces confirme que le roi Jacques Ier «avait réaménagé la tanière des lions afin que les visiteurs puissent voir plus de lions rôder autour de leur cour circulaire».

Le roi avait également «amélioré les locaux d’habitation des lions, afin que les visiteurs puissent regarder en bas et voir la grande citerne mise en place pour que les lions puissent boire et se laver», a ajouté la même source.

Des statuts de Lions à la Tour de Londres. / Ph. DRDes statuts de Lions à la Tour de Londres. / Ph. DR

Les crânes des lions marocains

Des preuves scientifiques avaient prouvé, plusieurs siècles plus tard, que ces lions placés par le roi Henri III dans la tour de Londres étaient bien originaires d’Afrique du Nord. La découverte avait été rendue publique par le Natural History Museum dans un article publié en 2015.

Le musée de Londres avait rappelé qu’en 1937, des ouvriers creusant dans un vieux fossé près de la tour de Londres avaient découvert deux «crânes de lions bien conservés». Les scientifiques avaient découvert que l’un des lions «vivait entre 1420 et 1480» alors que l’autre vivait «entre 1280 et 1385».

La trouvaille avait montré que Londres abritait le plus vieux lion de Barbarie du Royaume-Uni depuis l’extinction des lions des cavernes sauvages, selon le musée londonien. Les tests génétiques avaient révélé que les crânes découverts près de la tour appartenaient à «des lions de Barbarie de race pure, de la famille des Panthera leo leo (lions de l’Atlas, ndlr)». Selon la même source, des analyses ont montré que les deux lions souffraient toutefois de malnutrition.

Le cran d'un des Lions, découverts près de la Tour de Londres. / Ph. DRLe cran d'un des Lions, découverts près de la Tour de Londres. / Ph. DR

Les deux crânes appartenaient à une espèce ayant disparu à l’état sauvage en 1922. Cependant, le chercheur d’Oxford, Nobuyuki Yamaguchi, a déclaré au Telegraph en 2008 que «le dernier lion de barbarie connu dans la nature avait été abattu en 1942 du côté nord du Tizi-n-Tichka, dans les montagnes de l’Atlas, près de la route entre Marrakech et Ouarzazate».

Selon le chercheur, les lions de Barbarie auraient disparu en captivité, mais leurs descendants, qui faisaient partie de la collection de lions appartenant au roi du Maroc, ont été repérés il y a trois décennies. Cependant, «une étude récente menée à Oxford suggère que ces "lions du roi marocain" sont probablement de purs lions de barbarie du côté maternel», a ajouté le chercheur.

Au Maroc, le zoo de Rabat soutient qu’il «se bat pour sauver la lignée» des lions de Barbarie, a rapporté Phys Org en 2012. Pour Abderrahim Salhi, responsable des opérations du zoo, «on pensait que l’espèce avait disparu. Mais il s’est avéré que le sultan Mohammed V avait des lions de l’Atlas dans son parc privé». Selon ce responsable, la collection royale de Mohammed V constituait le «noyau» du zoo de la capitale. Ce dernier hébergeait en 2012 près de 32 lions, soit environ la moitié du nombre restant dans le monde, a conclu la même source.

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