Le Maroc pays d’émigration, pays de transit et plus récemment pays d’immigration. En moins d’une vingtaine d’années, le royaume est devenu un acteur clé dans le débat international sur les flux migratoires. Au lendemain de la journée internationale des migrants, et après la signature du Pacte de Marrakech, il est utile de rembobiner la cassette pour analyser l’évolution des politiques publiques à destination des travailleurs marocains à l’étranger, devenus MRE (Marocains résidant à l’étranger), ou plus récemment appelés les Marocains du monde.
L’idée est de nous inscrire en faux avec la fameuse phrase de John Fitzgerald Kennedy : «qu’a fait notre pays pour sa diaspora ?» Car il est indéniable que les quelques millions de Marocains à l’étranger ont contribué, contribuent, et contribueront à la vie culturelle, sportive, au soutien social et à l’économie du Maroc. Les chiffres sont éloquents : environ 65 milliards de dirhams de transfert de devises en 2017 par nos MRE. Près de trois fois les investissements direct étrangers en 2017. 4 à 5 millions de MRE transferts autant de devises que ne dépensent les 12 millions de touristes étrangers que reçoit le royaume. Sans oublier qu’environ la moitié de ses touristes sont en fait des MRE.
Il est utile dès lors de s’interroger sur la qualité et la quantité des mesures gouvernementales à destination d’une partie de la population marocaine à l’étranger. Enseignement des langues marocaines aux enfants, activités culturelles et consulaires, protection juridique, gestion du culte, participation politique, autant de sujets qui font débat au sein de la communauté marocaine à l’étranger. La diaspora marocaine, grande oubliée des politiques migratoires du Maroc ? C’est la question posée à deux spécialistes du sujet.