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Grand Angle  

Mustapha Ramid, ministre des droits de ses hommes

Mustapha Ramid à l’étroit dans son maroquin des Droits de l’Homme, rêve à nouveau de justice. Mais pas pour tous... Billet d’humeur.

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Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme / Ph. UN
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Qui suis-je ? Ancien avocat, représentant l’aile dure du PJD. J’ai affiché mes idées les plus rétrogrades sur les femmes et les mœurs en général lors d’un reportage d’une chaîne française. Comédien hors pair, j’ai feint me battre avec la police devant un tribunal.

J’ai été l’un des rares responsables pjdistes à soutenir le Mouvement du 20 Février (M20F) avant de le lâcher en rase campagne. J’ai profité de cette colère populaire pour prendre la tête d’un ministère régalien. Ma gouaille d’avocat d’opposition s’est alors transformée en léthargie de ministre de souveraineté défenseur du statu quo. Autre trait de caractère me concernant : je suis bigame et je l’assume.

Bassima Hakkaoui et Mustapha Ramid au Parlement / Archive - Ph. Abdelhak Senna (AFP)Bassima Hakkaoui et Mustapha Ramid au Parlement / Archive - Ph. Abdelhak Senna (AFP)

Après le peuple, j’ai abandonné mon chef, qui se prenant pour Cesar me surnomme depuis Brutus. N’ayant pas envie d’affronter les puissants lobbies au sein du département de la Justice, j’ai profité du changement de chef pour passer à un ministère d’Etat moins casse-gueule et plus stratégique pour bloquer les dernières forces progressistes de ce pays : les droits de l’Homme.

Je suis, je suis, je suis... C’est indiqué dans le titre, voyons !

Malgré le froid et la saison hivernale, Mustapha est sorti de sa caverne. Il faut sauver le soldat Hamieddine, qui voit l’affaire du meurtre en 1993 de l’étudiant gauchiste Mohamed Aït Ljid Benaïssa, mystérieusement réouverte, alors que la justice s’était prononcée et son cas traité au sein de l’Instance équité et réconciliation (IER).

Le ministre des Droits de l’Homme, ex-ministre de la Justice, se fait l’avocat de son «frère» en fustigeant le système judiciaire du pays qu’il a lui-même contribué à durcir avec son nouveau code pénal. On dirait un nouvel épisode absurde de l’arroseur arrosé qui réplique en arrosant l’arrosoir. 

«I make justice IV my people !»

Où était donc le ministre des Droits de l’Homme lorsque des centaines de jeunes du Hirak d’Al Hoceïma, de Jerada et d’autres villes, ont été condamnés à plusieurs années de prison ferme pour avoir participé à une manifestation non autorisée ? Où était le ministre de la Justice quand les militants du M20F étaient poursuivis pour avoir résisté au passage du printemps à l’hiver ?

Le ministre Ramid semble défendre uniquement les droits de ses hommes. Une vision très personnelle et clanique d’une fonction de représentation nationale qui devrait interpeller les citoyens marocains. 

Après avoir montré son hostilité à tout ce qui concerne les droits des femmes, après avoir joué au «Messmar J7a» des droits de l’Homme au Maroc, Mustapha Ramid se rend soudainement compte que le ministère de la Justice qu’il a laissé est aussi injuste qu’avant 2011. Saba7 ennour Mustapha ! Surtout ne lui dites pas que les droits de l’Homme au Maroc sont pires qu’en 2011. Gardons la surprise pour 2021...

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