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«La dernière tentation du Christ», une vie atypique de Jésus tournée par Scorsese au Maroc

En préparation de «La dernière tentation du Christ» en 1987, le cinéaste américain Martin Scorsese a hésité entre la Tunisie ou Israël. Finalement, il a opté pour le Maroc, entre les écuries royales de Moulay Ismaïl (XVIIe siècle), les ruines romaines de Volubilis et un village reculé de Marrakech.

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Photo d'illustration / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

Invité à la 17e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), le réalisateur américain Martin Scorsese est revenu à la cité ocre, des années après avoir choisi le Maroc comme lieu de tournage de son opus «La dernière tentation du Christ».

Tourné entièrement dans le pays en 1987, le film est une adaptation du livre éponyme, œuvre controversée de l’écrivain grecque Nikos Kazantzakis. Comme son titre le suggère, «La dernière tentation du Christ» dépeint la figure de Jésus sous de sombres aspects. Dans le film, il est en effet choisi pour porter la parole divine, mais il est tenté par vivre comme le commun des mortels et désire Marie-Madeleine.

A la recherche de l’emplacement parfait

Pour tourner le film, Martin Scorsese pose pied au Maroc, après avoir envisagé initialement la Tunisie ou Israël. L’opus «a été un projet qui lui a longtemps tenu à cœur ; après plusieurs interruptions et même en récoltant l’argent nécessaire, les producteurs sont restés préoccupés par le coût de cette œuvre, comme par sa réception du côté du public», selon le livre «Scorses Up Close : A Study of the Films» (éd. Scarecrow Press, 2004) de Ben Nyce.

Les considération financières ont été «abordées» en filmant la plupart des plans à l’extérieur, au Maroc, note la même source. Cependant, cet aspect n’a pas été le seul à faire décider Scorsese quant au lieu de tournage. Selon le livre «Hollywood Under Siege : Martin Scorsese, la droite religieuse et les guerres culturelles» (University Press of Kentucky, 2008) de Thomas Lindlof, Scorsese s’est rendu compte que «les sites archéologiques de la Terre Sainte étaient essentiellement des ruines protégées, entourées de bâtiments et d’autoroutes très fréquentées par la population».

«Scorsese a finalement trouvé au Maroc ce qu’il cherchait : Des paysages primaires rendant possible par leur apparence des mises en scènes du premier siècle», ajoute le chercheur

Oumnast, un village antique près de Marrakech

Le cinéaste américain est tombé sous le charme des paysages au cours de son repérage au Maroc, et particulièrement d’un petit village proche de Marrakech, appelé Oumnast : Scorsese s’est rendu compte qu’il était «au milieu de nulle part» et c’est exactement ce qu’il cherchait pour son film. «Il n’y avait rien», rappelle Lindlof en citant le réalisateur. «Les gens se déplacent à dos d’ânes et l’environnement semble dater d’il y a trois ou quatre mille ans», écrit Thomas Lindlof.

Pour Scorsese, Oumnast abrite une «communauté à taille humaine, comme celles ayant existé dans l’antiquité – une communauté qui pourrait devenir le Nazareth ou le Capharnaüm du premier ministère de Jésus». Même si le village a semblé l’endroit idéal pour le tournage de certaines scènes du film, Martin Scorsese a continué à réfléchir à d’autres lieux où il pourrait parachever son opus. Par chance, il a été aidé par un responsable de sites.

Les écuries royales de Moulay Ismaïl

Selon Thomas Lindlof, lorsque Scorsese a montré à cet homme-là «des esquisses des décors qui devaient initialement être construits en Israël, il l’a dirigé vers Meknès, l’une des quatre villes impériales du Maroc». Là-bas, le réalisateur et son équipe ont visité les ruines des écuries royales de Moulay Ismaïl, susceptibles de servir de pour le tournage de «temples, de bains de Pâque et de palais Pontius», rappelle la même source. «L’absence de plafonds dans certaines parties des écuries rend non seulement possible une réduction de l’éclairage intérieur, mais elle crée également des possibilités de prises de vues en surplomb», explique Lindlof.

Un autre lieu a été choisi à quelques kilomètres de Meknès. En effet, le cinéaste a décidé de tourner la crucifixion de Jésus à Volubilis, qui conserve des ruines romaines remontant au troisième siècle. Le réalisateur a également visité les casbahs d’Ouarzazate, mais l’emplacement a été abandonné en raison de difficultés techniques.

De retour à Oumnast, l’équipe de Scorsese a tourné des scènes du film pendant cinq semaines. Plusieurs parties du village «ont représenté Nazareth et Magdala pour le tournage du sermon, des scènes de Jean-Baptiste, le monastère, le lac, ainsi que d’autres scènes de la banlieue», rapporte encore Thomas Lindlof.

Produire le film au Maroc a permis à Martin Scorsese d’économiser beaucoup d’argent en engageant une équipe originaire de la région, ainsi que des figurants parmi les locaux. La production de «La dernière tentation du Christ» a pris deux ans, de 1986 à 1988, tandis que le tournage n’a duré que 37 jours. Sorti en août 1988, l’opus a valu à son auteur une nomination aux Oscars pour le prix du meilleur réalisateur.

Ce chef-d’œuvre qui aura marqué le cinéma international n’est cependant pas le seul de Martin Scorsese à avoir été tourné au Maroc. En effet, le cinéaste est retourné au pays en 1997 pour «Kundun», une épique biographie écrite par Melissa Mathison.

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