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Grand Angle

La politique énergétique du Maroc analysée par l’institut Bloomberg NEF

Dans le dernier rapport Climatscope, le centre de recherche Bloomberg NEF passe au peigne fin les politiques énergétiques de 103 pays, leur taux d’utilisation d’énergies propres, ainsi que le climat d’investissement dans ce secteur. Il en ressort que malgré ses efforts, le Maroc reste très dépendant de l’énergie fossile.

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Photo d'illustration / Ph. DR.
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Avec une capacité de couverture à 32% et une production qui atteint les 55% en 2017, le charbon représente la majeure partie du mix énergétique qui couvre les besoins du Maroc. C’est ce qui ressort du rapport Climatscope pour l’année 2018, publié cette semaine par l’institut de recherche spécialisée Bloomberg NEF.

Ce document s’intéresse à l’utilisation des énergies propres dans 103 pays pour couvrir leurs besoins internes. Il analyse également les investissements initiés en la matière, ainsi que la politique énergétique globale de chaque pays.

Concernant le Maroc, Bloomberg NEF indique que la production du charbon à des fins énergétiques a augmenté de 1 GW depuis 2011. Une fois que la centrale thermique de Safi sera entièrement opérationnelle, cette augmentation pourra atteindre les 1,3 GW. Cette production a ainsi connu une croissance totale de 20% sur sept ans, selon la même source.

Quant à la capacité éolienne et solaire, elle a doublé depuis 2011 et à ce rythme, avec 2,7 GW de capacité d’énergie renouvelable dans les années à venir, le solaire et l’éolien réunis atteindront un taux de production de 42% 2020, estiment les auteurs du rapport qui observent cependant une très faible évolution de l’hydroélectrique.

Une dépendance énergétique à rattraper

Le rapport annuel Climatscope met par ailleurs l’accent sur la forte dépendance du Maroc qui compte sur l’importation d’électricité depuis l’Espagne, en plus des combustibles fossiles. Il indique cependant que le pays a des «objectifs ambitieux pour y remédier». Ainsi, il mise sur une capacité de production d’énergies renouvelables à hauteur de 52% d’ici 2030à travers notamment un large programme d’appels d’offres pour atteindre un objectif de 2 GW de capacité éolienne et solaire en 2020. «Quelques 350 MW produits par des centrales solaires thermodynamiques vont porter la capacité solaire du Maroc à 600 MW d’ici fin 2018», indique le rapport, ajoutant que «la capacité éolienne est actuellement de 1 048 MW».

Dans ce sens, Bloomberg NEF souligne que «le secteur des énergies renouvelables a reçu un soutien important de la part de l’Etat, car considéré comme essentiel pour garantir l’indépendance énergétique et réduire les importations coûteuses» de combustibles. A cet effet, le pays veut créer un climat d’investissement plus propice qui dynamisera le secteur.

«Les offres concernant l’énergie solaire au Maroc définissent des exigences en matière de stockage afin de remplacer la production coûteuse du fioul, actuellement utilisée pour répondre au pic des demandes en fin de journées», ajoute le rapport en évoquant dans ce sens «les financements du Fonds pour les technologies propres (FTP) de la Banque mondiale». En cofinancement, le FTP et sa banque multilatérale de développement totalisent, selon le document, près d’1,3 milliard de dollars pour les projets Noor I-III et Noor-Midelt. Un financement qui a, à son tour, «attiré 3,3 milliards de dollars supplémentaires des banques de développement multilatérales et régionales».

Les pays du sud champions de l’énergie propre

L’interface interactive de Climatscope, qui permet de modifier les critères de classement, montre que le Maroc est classé 23ème pays sur 103 avec un score de 1,99 (le plus proche de zéro étant le plus bas). Il est noté à 2,81 comme étant doté à 50% des fondamentaux pour mettre en place une politique énergique propre et efficace, ce qui équivaut à une note de 0,93 au niveau des 25% d’opportunités d’affaire et à un score de 1,42 sur un taux d’expérience de 25% en matière d’énergie renouvelable.

Sur le plan régional, ce classement ramène le Maroc en tête, devançant la Tunisie (36ème mondial), l’Algérie (66ème), la Mauritanie (78ème) et la Lybie (99ème).

Il ressort de ce rapport que les pays dits émergents se taillent la part du lion en matière d’utilisation, de production et d’investissement dans les énergies propres. Ainsi, le Chili est en tête de ce classement avec un score global de 2,63, suivi de l’Inde (2,57), de la Jordanie (2,54), du Brésil (2,52), du Rwanda (2,31), des Philippines (2,29) et de la Chine (2,28).

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