C’est interminable. Une véritable hécatombe. Pas un seul jour où il n’y a pas un seul accident de la route au Maroc. Ce matin encore, un nouvel accident s’est produit dans la région de Settat. Deux voitures sont entrées en collision. Il n’y a pas eu de morts, mais cinq personnes ont été blessées, dont deux grièvement. Les blessés sont actuellement à l’hôpital Hassan II de Settat pour s’y faire soigner. Chaque année, plus de 4000 personnes perdent la vie sur les routes selon les chiffres officiels, soit 11 personnes chaque jour. Les routes marocaines font parti des plus dangereuses au monde. Par exemple, un véhicule au Maroc tue 13,5 fois plus qu’en France.
En plus des pertes de vie, les accidents de la route ont un coût pour la société estimé à 11 milliards de dirhams chaque année, soit 2.5% du PIB marocain. Il était donc urgent que le ministre des transports Karim Ghellab prenne les choses en main. C’est pourquoi il a lancé le 10 octobre 2010 le tout nouveau code de la route. Une véritable révolution pour le pays puisque l’ancien code de la route marocain datait de 1953.
Plus de morts sur les routes
Malheureusement un an après, le bilan reste mitigé. Le code de la route n’a pas réussi à faire baisser le nombre de morts sur les routes. D’après les chiffres du Ministère de l’Equipement et du Transport, entre octobre 2010 et juillet 2011, le nombre de morts à augmenter de 0.59%. Selon Mohamed Himmi, Président de l’Association Nationale de Sécurité et Education Routière, le nouveau code de la route est encore en phase d’expérience et cela va durer plusieurs années. «Les Marocains doivent finir par s’adapter, ils ont encore peur des infractions et peur des policiers, ce qui les amène à faire encore plus d’erreurs. Il ne devrait pas y avoir de problème avec le nouveau code de la route, ce qu’il faut changer au Maroc, c’est la mentalité des Marocains. Il faudrait qu’il y ait un policier qui surveille chaque Marocain pour qu’il devienne responsable sur les routes», déclare-t-il.
La région de Casablanca demeure l’une des régions les plus affectées par ce fléau. De plus, les travaux du tramway qui sont actuellement menés dans la capitale économique n’arrangent pas les choses. Ils sont un véritable calvaire pour les conducteurs. Les automobilistes doivent non seulement respecter le nouveau code de la route et en plus se faufiler entre les ronds-points et signalisations temporaires qui ont poussé comme des champignons dans plusieurs routes de la ville. Résultat : le nombre de collisions augmentent.
Loin de Casablanca, Mohamed Himmi met le doigt également sur l’état des routes nationales qui relient les petites villes et qui contribuent elles aussi à faire monter le nombre d’accidents de la route. «Aujourd’hui, on s’intéresse qu’aux grandes villes parce qu’elles génèrent des revenus pour l’économie et le tourisme et on oublie de réparer et d’entretenir les petites routes, ce qui provoquent bon nombre d’accidents d’autocars tragiques», regrette-t-il.
Les bons points
En revanche, le code de la route a permis de réaliser de grandes avancées. La première : mettre sa ceinture de sécurité est devenu systématique. «Au départ, les Marocains ne mettaient pas automatiquement leur ceinture de sécurité. Il a fallu les menacer de payer une amende pour qu’ils finissent par mettre leur ceinture de sécurité et qu’ils comprennent que la ceinture est aussi là pour protéger leur vie», explique Mohamed Himmi.
Autre succès engendré par le Code de la route : l’instauration du permis à points. Auparavant, lorsqu’un Marocain décrochait le permis, c’était à vie. Le nouveau Code de la route a instauré le permis à points avec un capital de 30 points pour un permis définitif. Des points qui sautent selon le degré de l’infraction commise.
Enfin la troisième grande avancée du nouveau Code de la route, est l’alcooltest même s’il n’est pas encore utilisé. Effectivement, la conduite en état d'ébriété reste courante au royaume et cause des accidents mortels. «Heureusement qu’il a été crée, le policier doit en avoir assez de devoir sentir l’haleine du conducteur pour savoir s’il a bu de l’alcool», lance en riant Mohamed Himmi.