Zmagri, facanssi, cafaitrien, françaoui… Les surnoms donnés aux enfants d’émigrés marocains ne manquent pas et révèlent pour certains les moqueries ou le dénigrement de leur parlé, de leur accent.
Un accent si particulier, si reconnaissable qu’il pourrait faire office de dialecte à part entière. La langue fourche sur certaines consonnes, trébuche sur certaines syllabes, s’embourbe sur les mots compliqués à prononcer. Le son «9a» devient «ka», le «7a» devient a, et les rires éclatent lors des repas chez la famille au Maroc. Mais le fou rire peut laisser place au malaise si la prononciation chaotique d’un mot anodin le transforme en vulgarité.
Et lorsque le vocabulaire fait défaut, on emprunte au français, au néerlandais, à l’espagnol, ou bien on improvise un mot pour s’exprimer et tenter de faire passer son message. Mélange de darija, du tamazight et de la langue du pays de résidence, le parler du jeune MRE est hybride, à l’image de sa culture composite.
Souvent pris avec humour, les moqueries peuvent parfois tourmenter le jeune MRE à l’accent prononcé. Il refusera alors de s’exprimer en darija ou en tamazight pour ne plus subir le dénigrement. Moins de communication, sociabilisation entravée, l’image des vacances au Maroc se voit ternie pour une histoire de glottophobie. La victime MRE peut devenir aussi le bourreau, n’hésitant pas à moquer les erreurs de français du Marocain fraîchement arrivé en Europe. Pourquoi tant de dénigrements sur de simples différences de prononciation ?
A l’instar de nombreux pays, le Maroc regorge d’accents et de parlers différents. Ces particularismes linguistiques régionaux font également l’objet de moqueries au niveau national. La présence de ces accents dans les médias ou au sein de représentations culturelles a permis une meilleure acceptation de ces différences au sein de la population.
Cette émission aura la lourde tâche de décortiquer cette question de manière sérieuse et académique, mais aussi dans l’humour à l’aide d’anecdotes.
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