Le dossier revendicatif des minorités religieuses au Maroc est sur le point de connaître un tournant décisif. «Les Nations unies ont invité l’Association marocaine des droits et des libertés religieuses (AMDLR) à prendre part, le 26 novembre à Genève, à la 11e édition d’un forum organisé par l’ONU, consacré à ce sujet et qui connaîtra la participation d’acteurs associatifs et de représentants d’Etat», nous confie Jawad El Hamidi, le coordinateur de l’AMDLR.
La délégation qui représentera l’ONG à ce rendez-vous – non reconnue par le ministère de l’Intérieur – «sera composée de cinq convertis au christianisme originaires de Rabat, Fès et Kenitra», précise-t-il.
«L’Association s’est préparée à ce forum par la rédaction d’un rapport sur les entraves empêchant les Marocains ayant choisi une autre religion que l’islam d’exercer librement leurs cultes», ajoute El Hamidi.
La rencontre de Genève est d’une importance capitale pour l’AMDLR. Et pour cause, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies soulèvera les recommandations de cette ONG à l’occasion de l’Examen universel périodique du royaume.
Laftite devrait rencontrer deux membres de l’Association
Cette reconnaissance de l’action de l’Association marocaine des droits et des libertés religieuses devrait être précédée par un événement national. «Demain à Rabat, le ministre de l’Intérieur se réunira avec deux membres de notre association», confie à Yabiladi Jawad El Hamidi. Une rencontre qui intervient à la suite d’une «médiation menée depuis quelques mois par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH)», précise-t-il.
«Des diplomates de l’Union européenne et des Etats-Unis accrédités au Maroc ont également plaidé notre cause auprès des responsables du département de l’Intérieur. Tous souhaitent que les autorités autorisent nos activités et acceptent que ayons des droits en tant que citoyens marocains ayant embrassé des religions autres que l’islam.»
On apprend également que l’AMDLR se prépare à organiser, le 26 novembre à Rabat, son deuxième congrès. En une année d’existence sur le terrain, sans la reconnaissance de l’Etat, l’ONG aurait réussi à porter haut et fort les revendications des minorités religieuses au Maroc. «C’est un premier pas mais beaucoup de chemin reste à parcourir», reconnaît son coordinateur. «Des lois doivent être révisées afin que les Marocains chiites, ahmadis et les convertis au christianisme puissent exercer leurs croyances sans la moindre restriction comme pour les musulmans», conclut notre interlocuteur.