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Grand Angle

Migration : L’aide promise par Bruxelles «satisfaisante mais pas suffisante»

Khalid Zerouali, directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, veut que la collaboration entre le Maroc et l’Union européenne s’inscrive dans une perspective sur le long terme.

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Khalid Zerouali est directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur. / Ph. AFP
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L’aide de 140 millions d’euros promise par Bruxelles à Madrid et Rabat pour contenir les flux migratoires pourrait ne pas être suffisante. «C’est un bon début, satisfaisant, mais ce n’est pas suffisant. Le coût de notre dispositif de sécurité dépasse de loin ces 140 millions», a déclaré à El País Khalid Zerouali, directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur.

Entre 2004 et 2014, le Maroc est parvenu à réduire de 93% les entrées illégales en Espagne, d’après le responsable. «Nous l’avons fait seuls et n’avons jamais rien demandé, a insisté Khalid Zerouali. Aujourd’hui, avec la réorientation du flux migratoire et dans un contexte de responsabilité partagée, l’Union européenne a fait une offre. Elle est bienvenue, mais nous voulons qu’elle s’inscrive dans une logique de continuité. Nous voulons que cette aide soit durable. Ces 140 millions ne vont pas régler le problème, et je pense que nos alliés européens le comprennent».

Fin octobre, la Commission européenne a annoncé qu’une enveloppe budgétaire de 140 millions d’euros serait débloquée à court terme, prélude à un appui financier permanent dans les années à venir. La moitié de cette enveloppe (70 millions d’euros) sera accordée au Maroc. Bruxelles a élaboré un plan d’accompagnement prévoyant une assistance sur le long terme. Ces aides financières pourraient plafonner à 50 millions d’euros par an, en fonction de l’évolution du phénomène migratoire. Les premières tranches devraient quant à elles être versées avant 2019. Elles seront dédiées à l’achat de matériel de contrôle frontalier.

Des déplacements «préventifs» 

De la fermeture des routes migratoires libyennes et turques vers l’Europe a découlé une hausse des arrivées illégales en Espagne – 41 594 à fin septembre. La pression s’est également accrue sur le Maroc, où le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM) assure qu’au moins 7 700 «personnes Subsahariennes» ont été déplacées de force cet été du nord vers le sud du pays, «en raison de leur couleur de peau et sans que leurs droits soient respectés».

Des observations balayées par Khalid Zerouali, qui soutient que ces déplacements ont été effectués conformément à la loi, et dont il défend le caractère préventif pour protéger les migrants eux-mêmes. «L’objectif est de les éloigner des zones d’opérations des réseaux [d’immigration clandestine]. Lorsqu’on entre dans un appartement [de Tanger] et qu’on découvre 50 à 60 migrants avec (…) des gilets de sauvetage, on se doute qu’ils ne sont pas là pour faire du tourisme. De plus, ces déplacements vers d’autres villes ne sont pas nouveaux, contrairement à ce que beaucoup pensent. C’est ce que nous avons toujours fait», a-t-il justifié.

Jusqu’à septembre, 33 215 migrants ont rejoint clandestinement les côtes espagnoles, d’après El País. Parmi eux, 6 433 étaient marocains.

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