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Grand Angle

Jerada : Les familles des détenus du Hirak dénoncent les conditions de détention

Réunis lundi à Oujda, des membres des familles des détenus du Hirak de Jerada et des acteurs de la société civile ont rappelé les conditions «dégradantes» de la détention des militants, ainsi que «la standardisation» des chefs d’accusation pour lesquels ils sont poursuivis.

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Depuis décembre 2017, les manifestations à Jerada se font sous haute présence policière / Ph. DR.
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Au moment où les militants du Hirak du Rif à Casablanca se préparent pour leurs premières audiences en appel, beaucoup parmi ceux de Jerada assistent encore à l’instruction de leurs dossiers. Devant la chambre criminelle près la cour d’appel d’Oujda, ils dénoncent un «faux procès», considérant que leurs arrestations n’auraient pas dû avoir lieu. Plusieurs affirment ne pas avoir été présents sur les lieux des émeutes du 14 mars dernier et dans ce sens, des grèves de la faim ont été entamées.

Pour revenir sur ces aspects, entre autres, des familles des détenus se sont réunies lundi au siège de l’Union marocaine du travail (UMT), à l’initiative de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). L’occasion pour l’ONG d’évoquer quelques éléments liés à la détention des militants.

Des procès contestés par les détenus et leurs familles

«Après 25 jours de grève de la faim, le détenu Mohamed Hachbayl a suspendu celle-ci, vendredi, après que sa santé s’est détériorée», nous explique Behloul Bousmaha, membre de l’AMDH à Oujda. Selon l’associatif, le jeune a observé sa grève car «il conteste son arrestation en expliquant ne pas avoir assisté aux évènements du 14 mars, pour lesquels il est poursuivi, et ne pas avoir été sur place. Il a dit qu’il sortait de chez lui avec un membre de sa famille lorsqu’il a été interpelé». De leur côté, les deux prisonniers Khalid Khenfri et Mouad Seghir sont toujours en grève de la faim, nous rappelle Bousmaha.

«Jeudi prochain seront examinés deux dossiers, tandis que deux autres le seront le 15 novembre prochain et cinq autres, dont trois relatifs à des mineurs, seront traités par la justice le 29 novembre», nous explique encore le militant. Parallèlement, celui-ci fait remarquer que la majorité des détenus sont «poursuivis pour des chefs d’accusation similaires, comme ‘outrage à un fonctionnaire public’, ‘provocation d’incendie’, ‘préparation et participation à un rassemblement non autorisé», entre autres.

Dans ce sens, le membre de l’AMDH déplore que «les situations changent, mais les motifs d’arrestation sont les mêmes pour tous, ce qui est illogique». En plus de ces privations de liberté, Behloul Bousmaha fait part à Yabiladi des «conditions de détention dégradantes et des mauvais traitements» que vivent militants et manifestants.

«Au tout début des arrestations, quatre manifestants ont été mis dans des cellules individuelles avant d’être transférés auprès de détenus de droit commun. Les arrestations se sont effectuées de manière aléatoire, en fonction de soupçons standardisés.»

Behloul Bousmaha, membre de l’AMDH à Oujda

Les familles incapables d’accompagner financièrement

Membre de l’UMT à Jerada, Mustapha Selouani nous explique par ailleurs que les familles évoquent des allégations de torture dont leurs proches disent avoir fait l’objet chez la police judiciaire, puis en prison, où «le surnombre se répercute négativement sur les conditions de vie des détenus». De même, le syndicaliste souligne que «des militants du Hirak de Jerada ont été transférés bien plus loin de chez eux, à la prison de Zaïo, abstraction faite de la situation financière de leurs proches, qui sont incapables désormais d’effectuer ce périple chaque semaine pour revoir les leurs».

A cet effet, Mustapha Selouani nous confie que le comité de soutien aux détenus prévoit de définir les familles dans le besoin, afin de planifier des aides à travers une cellule dédiée, qui organisera également les visites familiales. Autres cas particuliers, le militant évoque la situation d’un prisonnier qui souffrirait de troubles mentaux et dont la demande d’expertise médicale aurait été rejetée, tandis qu’il serait laissé «avec des détenus de droit commun».

«Certains de ceux qui ont été interpelés avant le 14 mars sont aujourd’hui soupçonnés d’avoir planifié les évènements de ce jour-là et même poursuivis sur cette base», déplore Mustapha Selouani. Ce dernier rappelle que 70 prévenus sont en situation de détention et 25 autres en état de liberté.

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