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Grand Angle  

Diaspo #63 : Hafid Stitou, comédien forgé par l’école de la vie

Né en France, le comédien Hafid Stitou est un touche-à-tout. Après s’être retrouvé dans le cinéma par hasard, c’est désormais dans ce domaine qu’il fait son chemin. Portrait.

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Hafid Stitou, comédien franco-marocain / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

D’une mère Française et d’un père Marocain, Hafid Stitou est né en France, mais c’est dans le royaume qu’il aura vécu une grande partie de sa vie, jusqu’à sa décision de mettre fin à ses études à l’âge de 17 ans. Aujourd’hui comédien, cascadeur, coach sportif vivant en Belgique, mais également réalisateur, son parcours de vie aura forgé en lui plusieurs talents. «J’ai fait tous les métiers», confie-t-il à Yabiladi avec amusement.

En effet, vers la fin de son adolescence, l’artiste a été mis face à deux choix par son père. Celui de continuer ses études payantes au lycée Lyautey de Casablanca, mais à condition de persévérer, ou d’arrêter l’école et de se débrouiller seul pour subvenir à ses besoins. Avant-dernier de onze frères et sœurs, il optera pour la décision la plus difficile, mais qui fera de lui ce qu’il est aujourd’hui. «L’école de la vie est la plus difficile mais la plus formatrice», affirme-t-il avec philosophie.

Un comédien qui se met dans la peau de ses personnages

Hafid Stitou est de ces accrocs au travail qui ont commencé très tôt les petits boulots. «J’ai été mécanicien, vendeur de vieilles voitures, barman, maître-nageur… Tous ces métiers m’ont plus tard aidé à me mettre dans la peau des personnages que j’incarne», nous explique-t-il, racontant ses premiers pas dans le cinéma au hasard d’une proposition de rôle secondaire. «J’avais un ami qui travaillait dans le domaine. Un jour, il m’a proposé une apparition dans un film. Après quelques hésitations, j’ai fini par accepter».

Hafid Stitou Hafid Stitou

Ainsi commence la carrière de l’acteur, qui estime aujourd’hui avoir trouvé «[sa] thérapie dans le cinéma», même s’il n’a pas souvent gagné sa vie uniquement grâce à ses jeux de rôles. «C’est un grand luxe pour moi», nous explique-t-il encore.

Pour autant, il ne prend pas n’importe quel rôle. C’est le cas lorsqu’il a été appelé à participer au casting de «Razzia», dernier long-métrage de Nabil Ayouch. «J’ai refusé de m’y présenter car j’ai demandé à lire le scénario avant, histoire de me faire une idée du personnage que je pourrais incarner, mais je ne l’ai pas reçu», souligne l’artiste.

Sortir des sentiers battus

Exigeant envers lui-même comme envers ses partenaires de travail, Hafid Stitou revendique également un cinéma qui ne verse pas dans les clichés et dans les idées reçues. Un cinéma où «il faut se donner le temps et les moyens scénaristiques de bien faire les choses et de ne pas réduire les acteurs à là d’où ils viennent».

«J’ai refusé plusieurs rôles où j’étais amené à incarner ‘l’arabe de service’, car je n’aime pas ce cinéma où les films ramènent les acteurs à cela, même si j’ai perdu mon ancien agent à cause de mes nombreux refus d’offres. Un acteur arabe ne doit pas être que dans le rôle du terroriste, du méchant du film.»

Hafid Stitou, comédien et réalisateur

«J’ai grandi entre une mère très lettrée et un père illettré ayant servi dans l’armée française. Je vis en Belgique et mon cœur est toujours au Maroc. Je prends donc tout ce qui est bon dans toutes ces cultures», soutient-il encore. En espérant que ses exigences payeront, Hafid Stitou s’est également essayé à la réalisation. Son court-métrage, Seth, est inspiré de faits réels retraçant l’histoire d’un réseau de trafic d’organes démantelé avec l’aide d’un ancien policier.

Hafid Stitou ambitionne de faire une version long-métrage de ce film, avec l’espoir de travailler l’histoire plus en profondeur. Féru des réalisateurs comme Martin Scorcese ou encore d’acteur charismatiques comme Anthony Hopkins, l’artiste veut porter un cinéma qui peut traiter des questions sociales, sans pour autant verser dans le film d’auteurs.

«On peut parler de social et faire des scènes d’action dans un même film, les deux ne sont pas incompatibles. Il faut essayer de nouvelles choses dans le cinéma et ne pas créer que des films qui font pleurer dans les chaumières.»

Hafid Stitou

Hafid Stitou dans SethHafid Stitou dans Seth

Dans la version longue de Seth, Hafid Stitou souhaite également faire son tournage au Maroc et y intégrer des acteurs nationaux. «Nous avons de jeunes comédiens et de jeunes cinéastes qui ont beaucoup à donner et je veux les montrer à l’internationale», souligne celui qui veut faire de ces talents «des ambassadeurs du Maroc dans le cinéma». Un parcours semé d’embûche, à travers lequel il déplore notamment que les artistes marocains résidant à l’étranger et capables de rendre possible cette visibilité ne soient pas soutenus.

Dans ce sens, Hafid Stitou considère qu’«un festival de film aussi grand que celui de Marrakech contribue à ouvrir la porte aux jeunes talents et leur offre des opportunités pour montrer leur travail et l’exporter, mais le fait est que l’élite doit capitaliser sur ces rencontres pour appuyer des projets artistiques locaux, au lieu de n’investir que dans de la brique».

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