«L'Etat doit pouvoir exiger de citoyens libres dans un pays libre qu'ils se montrent à visage découvert», déclare Oskar Freysinger, dans les colonnes du quotidien français Le Monde. L’homme, député de l’Union démocratique du Centre (droite populiste), est à l’origine de la motion «Bas les masques», votée hier, mercredi 28 sptembre, par les députés du Conseil national suisse, chambre basse du parlement helvète.
«A l'heure où l'insécurité grandit dans nos rues, de plus en plus de personnes dissimulent leur visage derrière une cagoule, un masque ou un voile intégral. Cela rend l'identification de ces personnes impossible, un fait particulièrement ennuyeux en cas de violences, de contrôles d'identité…», tente de justifier Oskar Freysinger.
Le voile intégral n’est pas encore tombé
Concrètement, le texte, qui vise à interdire la dissimulation du visage sur l’ensemble du territoire suisse, impose que les citoyens aient le visage découverts dans les lieux publics en général, les administrations, les transports publics, mais aussi lors des manifestations. Il est toutefois prévu des «exceptions pour les festivités ou célébrations comportant généralement l'usage de masques ou autres accessoires similaires».
Le texte a été adopté à la majorité absolue, 101 voies sur 200, par le Conseil national. Le texte doit à présent être voté par la chambre haute, le Conseil des Etats. Le débat promet d’y être serré, vu que le gouvernement fédéral s’est opposé à ce texte, du fait de sa portée nationale. Le gouvernement estime, en effet, que la conjoncture actuelle en Suisse, ne nécessite pas une loi applicable au niveau fédéral. On est donc encore loin de l’interdiction du voile intégral, presque deux ans après l'interdiction de construire des minarets aux mosquées.
Effet de mode ?
Si finalement la Suisse interdisait le voile intégral, la confédération helvète emboiterait le pas à plusieurs de ses voisins européens. En Avril 2010, c’est la Belgique qui devient le premier pays européen à voter l’interdiction totale du voile intégral dans les lieux publics. Le plat-pays a vu s’aligner dans son sillage, la France, en septembre 2010, et les Pays-Bas, il y a à peine 10 jours. La question est actuellement débattue en Italie, alors que le phénomène gagne une à une, les régions autonomes d’Espagne.