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Grand Angle

Zakya Daoud : « les MRE ont une mentalité diasporique » [ITW]

La journaliste et écrivaine marocaine, Zakya Daoud a présenté hier, à la Villa des Arts de Casablanca, son dernier livre, «La diaspora marocaine en Europe», sorti le 15 février 2011 chez Séguier. Yabiladi est allé à sa rencontre.

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Zakya Daoud hier à la Villa des Arts (ph.Rim Battal)
Temps de lecture: 3'

Journaliste et écrivaine marocaine, Zakya Daoud n’est plus à présenter. Née Jacqueline David en 1937 en France, elle devient Jacqueline Loghlam un après avoir rencontré Mohamed Loghlam, Marocain de France. Quand en 1959 son mari et son fils font une demande de naturalisation aux autorités marocaines, ces dernières accordent à Jacqueline la nationalité. C’est avec cette naturalisation-providence qu’elle se prend d’amour pour le pays, et s’implique dans sa vie politique et sociale. Jacqueline Loghlam travaille à la RTM, puis pour le journal de l’UMT et crée «la page de la femme». En 1964, «Jeune Afrique» fait appel à la jeune journaliste. Jacqueline Loghlam prit alors pour pseudo Zakya Daoud, qui devint son nom d’usage. En 1966, elle crée avec son mari la revue «Lamalif» qui dura 22 ans et devint «un espace de réflexion et une force de contestation importante». Mais le pouvoir ne tarda pas à resserrer l’étau autour du magazine. C’est là que Zakya Daoud repart en France, vit partagée entre Paris et Marrakech et débute sa carrière d’écrivain avec «Féminisme et politique au Maghreb». D’autres suivent : aujourd’hui elle a plus d’une douzaine de livres à son actif, qu’elle a écrit seule ou à quatre mains. Zakya Daoud est venue à la Villa des Arts de Casablanca hier, présenter son tout dernier, «La diaspora marocaine en Europe», sorti le 15 février dernier et édité par Séguier. Yabiladi l'a rencontré pour vous. 

 Yabiladi: Vous êtes ici ce soir pour présenter votre dernier livre…
 Zakya Daoud : Il y a des gens qui connaissent déjà mon livre, parce que ce sont des amis à moi. Je l’ai déjà présenté à Casablanca dans une librairie.

Qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
ZD : C’était à la fois une commande et à la fois un intérêt. Ce n’est pas le premier livre que j’écris sur l’immigration. J’en ai fait d’autres. Le premier livre que j’ai fait sur le sujet c’était avec l’association Migrations et Développement (M&D) («Marocains des deux rives», les Editions de l’Atelier, ndlr) et je me suis aussi intéressée à l’histoire de l’ATMF (Association des travailleurs Maghrébins de France, ndlr). Mais là j’ai profité de l’occasion du sondage BVA («Etude auprès de la population marocaine résidant en Europe», ndlr) qui donné des indications très remarquables, et puis j’ai fait des interviews et j’ai découvert qu’il y avait un nouvel état d’esprit dans l’immigration qui m’a intéressée. C’est vrai que j’ai été à cheval plusieurs fois, à la fois ici, à la fois là bas… Donc je m’intéresse à ce genre de personnes, qui sont à cheval comme moi.

Qu’est ce qui vous a marqué dans ce sondage ? Qu’est ce qui caractérise cette nouvelle génération de MRE selon vous ?
ZD : Je pense qu’ils ont une mentalité diasporique. Ils ne sont pas «là», ni «là bas», ils sont dans les deux. Et je trouve ça logique. Parce qu’il est vrai que moi, lorsque je me retrouve en France j’ai envie d’être au Maroc et quand je suis au Maroc j’ai envie d’être en France. Je pense qu’ils vivent ainsi. Et donc cela devient un nouvel état d’esprit et selon moi, cela se sent dans le sondage.

Vous mettez également l’accent sur la féminisation de la population marocaine à l’étranger…
ZD : Oui mais c’est une donnée générale. Parce que non seulement les femmes représentent la moitié de l’immigration, ce qui est logique, mais elles ont changé totalement d’attitude. Ce n’est plus les personnes du regroupement familial des années 70, cela n’a rien à voir. Elles partent toutes seules, travaillent, s’autonomisent… cela ressemble à ce qui se passe au Maroc actuellement, mais elles l’ont précédé à mon avis. Donc je crois que les Marocains résidents à l’étranger jouent un rôle dans le développement des mentalités au Maroc.

Vous parlez justement du rôle des MRE dans développement des mentalités dans votre livre, mais aussi de leur rôle dans le développement économique. Ne serait-ce pas une suite de «Marocains de l’autre rive» ?
ZD : Non, ça n’a rien à voir. Celui que j’ai fait avec «Migrations et Développement» c’est l’histoire d’une expérience, celle de Jamal Lahoussain (qui a émigré en France dans les années 70 et qui participe activement au développement de son village, ndlr). Mais en même temps, c’est vrai que son itinéraire personnel c’est aussi cela. Ce qui est intéressant c’est de savoir comment à son époque, parce qu’il fait partie de la première vague, il a pu arriver à développer des projets pareils. J’étais vraiment scotchée et intéressée par ce qu’ils ont fait là bas. 
De toute façon, c’est toujours la même population émigrée, vivant entre le Maroc et l’Europe, mais, ce sont des cas différents.

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