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Grand Angle

Affaire Khashoggi : Le Maroc entre le soutien des pays arabes et le refus de l’Occident

Le Maroc continue d’observer le silence quant à la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi alors que plusieurs pays arabes font un bloc autour de Ryad et expriment leur soutien à la monarchie wahhabite, critiquée par plusieurs puissances mondiales.

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Des manifestants brandissent des portraits du journaliste Jamal Khashoggi devant le consulat saoudien à Istanbul, le 9 octobre 2018. / Ph. Ozan Kose (AFP)
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Plus de deux semaines après la disparition du journaliste Jamal Khashoggi, l’Arabie saoudite a fini par céder à la pression internationale. Ce weekend, Ryad a reconnu le décès du Saoudien dans les locaux de son consulat à Istanbul.

Après plus de deux semaines de déclarations contradictoires, l’Arabie saoudite a affirmé vendredi que l’éditorialiste du Washington Post avait été «étranglé après une bagarre ayant été déclenchée entre lui et des responsables, le 2 octobre au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul».

Dimanche, les autorités saoudiennes sont revenues avec plus de détails, précisant que «le plan initial était de capturer Khashoggi et de le persuader de retourner en Arabie saoudite, mais de le relâcher s’il refusait de se conformer», rapporte The Guardian. Le même jour, l’agence saoudienne de presse a annoncé que le roi Salman et le prince héritier Mohammed bin Salman avaient appelé le fils de Khashoggi, Salah, pour lui exprimer leurs condoléances.

Les incohérences de la version de Ryad pointées du doigt

Mais jusqu’à présent, les Saoudiens n’ont donné aucun détail sur le sort du corps du journaliste. Leur ministre des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, qui a qualifié la mort de Khashoggi d’«erreur monumentale», a affirmé samedi que la monarchie wahhabite ne «sait pas où se trouve le corps» du journaliste.

Samedi, dans une déclaration accordée au Washington Post et citée par l'AFP, le président américain Donald Trump a évoqué des «mensonges» de Ryad. «Il y a manifestement eu tromperie et mensonges. Leurs histoires partent dans tous les sens», a-t-il dit après avoir auparavant jugé de «crédible» l’explication de la justice saoudienne.

Les alliés européens de l’Arabie saoudite ont, eux aussi, exprimé leur déception du rétropédalage et de la version des faits relayés par Ryad. Dimanche, dans un communiqué commun, la France, l’Allemagne et l’Angleterre ont appelé à «un besoin urgent de clarification».

Même l’Australie a réagi samedi, annonçant le gel de sa participation à l’Investment Initiative prévue à Riyad ce mardi. Dans une interview diffusée dimanche, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré qu’il pourrait annuler un contrat de défense de 15 milliards de dollars avec Riyad suite à la disparition de l’ancien rédacteur en chef du quotidien saoudien Al Watan.

Le Maroc continue d’observer le silence

De l’autre côté du globe, plusieurs pays arabes réaffirment leur soutien à l’Arabie saoudite. En effet, l’Egypte, les Emirats arabes unies, la Jordanie, Bahreïn, le Yémen, la Palestine et d’autres pays arabes font bloc, depuis samedi, autour de Ryad dans cette affaire.

Mais alors que le sujet suscite l’intérêt des internautes, les autorités marocaines préfèrent garder le silence. Entre la pression montante de la communauté internationale et le bloc formé par plusieurs pays arabes derrière l’Arabie saoudite, la position du royaume reste incertaine.

L’unique occasion durant laquelle le Maroc s’est exprimé sur ce sujet date du 12 octobre, via le ministère de la Justice. Le département de Mohamed Aujjar avait confirmé l’arrestation et l’expulsion, par le Maroc, d’un ressortissant saoudien à Riyad en 2015. Le ministère, qui démentait une version des faits relayée par l’agence Associated Press, précisait que cette intervention s’est effectuée «conformément aux procédures judiciaires», faisant savoir que le Saoudien faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Pour rappel, le Maroc avait observé la même position en pleine crise entre Ryad et Ottawa. Contrairement à ses voisins arabes, il n’avait pas émis d’avis quant à cette crise, signe d’un froid diplomatique qui date de plusieurs mois et qui semble être lié la campagne saoudienne contre la candidature du royaume à l’organisation du Mondial 2026.  

Le silence du Maroc quant à l’affaire de Khashoggi contraste aussi avec le soutien inconditionnel exprimé notamment par l’Arabie saoudite, lors des travaux de la quatrième commission spéciale des Nations unies chargée des questions politiques et de la décolonisation. En effet, les représentants de plusieurs monarchies arabes, dont l’Arabie saoudite, avaient salué presque à l’unanimité le plan d’autonomie pour le Sahara proposé en 2007 par le Maroc.

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