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Grand Angle

Europe : Les comités du Hirak ont-ils repris le flambeau ?

Alors que les leaders du Hirak et plusieurs autres activistes ont été condamnés à des peines de prison ferme, les soutiens venant de l’étranger ne se sont pas pour autant affaiblis.

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Une manifestation lors du Hirak du Rif. / Ph. Fadel Senna - AFP
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Que ce soit aux Pays-Bas, qui compte une grande majorité de Marocains originaires du Rif, en France, en Espagne, en Belgique ou en Allemagne, des associations et ONG pour le soutien du mouvement contestataire du Hirak ont vu le jour. Le champ d’action de ces organismes ne se limite pas aux actions politiques occasionnelles. Il s’agit d’une «lutte durable dans le temps, accompagnée d’un soutien politique et financier à la population du Rif», affirment les associations à l’agence de presse espagnole EFE.

L’une des premières n’est autre que la Fondation pour le développement du Rif (SOR), créée en 2017 par des Maroco-néerlandais. Son président, Hassan Buyatui explique qu’ils «font partie du Hirak. La répression des manifestations pacifiques dans le Rif et l’arrestation de militants nous ont touchés. Beaucoup de Rifains ici ont voulu aider (...) et nous avons créé cette fondation pour organiser l’aide».

Une force de frappe colossale

Ainsi, la fondation collecte des fonds auprès des Rifains du monde entier, poursuit-il. Si l’aide va principalement aux proches des prisonniers, elle devrait se poursuivre jusqu’à la libération des détenus. De plus, le nombre de bénéficiaires devrait augmenter à partir de l’année prochaine, précise le président de SOR.

Sans divulguer le montant des fonds dont dispose la fondation, le président affirme que dans une phase ultérieure, celle-ci financera des projets dans la région. Cette aide se rapportera à la création de petits projets dans le secteur de l’agriculture, la pêche maritime, l’éducation et des projets sociaux, tels que des maisons de retraite.

Le soutien et la mobilisation de la communauté marocaine établie aux Pays-Bas a eu des échos jusqu’au Parlement européen. En effet, le leader du mouvement, Nasser Zefzafi figure parmi les trois finalistes au Prix Sakharov 2018, qui récompense annuellement des groupes ou des individus pour leur engagement en faveur des droits humains et de la liberté de penser.

L’idée de proposer Nasser Zefzafi au Prix Sakharov 2018 est née aux Pays-Bas. Elle a surtout bénéficié de l’appui de l’eurodéputée Kati Piri, du Parti travailliste néerlandais (PVDA), également membre du groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique. Une mobilisation qu’elle a menée pendant des mois auprès de différentes instances européennes, avec un groupe d’activistes maroco-néerlendais.

Plus au Sud, les Franco-marocains se sont également mobilisés. La Fédération des comités de soutien du mouvement rifain (FCSMRF) est née «grâce à la fusion des comités de soutien au mouvement du Hirak dans différentes villes françaises», explique à EFE Rachid Oufkir, l’un de ses dirigeants.

Fuir vers l’Espagne

A seulement quelques kilomètres d’Al Hoceima, berceau du mouvement de contestation, se trouve l’Espagne. Dans le pays ibérique, plusieurs associations locales soutiennent le mouvement rifain. C’est le cas de l’association andalouse «Rifanda» composée de Marocains et d’Espagnols.

L’activiste Saloua Omari, contacté par EFE, affirme que l’association socioculturelle œuvre à faire connaître la culture et l’histoire du Rif auprès des Marocains résidant en Espagne et des Espagnols.

L’autre point pour lequel l’association se mobilise est l’accompagnement et l’orientation juridique des migrants rifains demandant l’asile politique en Espagne. En effet, ce phénomène assez nouveau a progressé de manière fulgurante ces derniers mois. Ils auraient été 756 Marocains à demander l’asile politique durant les huit premiers mois de l’année, contre 531 en 2017.

Il est à noter que depuis le Hirak et la vague de départ des Rifains vers les côtes espagnoles, un seul activiste du mouvement de protestation a obtenu l’asile politique en juillet dernier. Il s’agit d’un ancien habitant d’Al Hoceima, âgé de 33 ans, qui a fui vers Ceuta.

En effet, la procédure pour l’octroi de l’asile politique nécessite un traitement individuel pouvant s’étaler sur plus de six mois. De plus, selon la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), «le fait de considérer des Rifains comme des réfugiés pourrait avoir l’effet d’une bombe diplomatique».

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