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Colonisation : Quand les Français méconnaissaient le Maroc

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L'historien Alain Ruscio raconte notamment une anecdote lors de la décoration du Sultan Mohammed V, le 15 juin 1945. / DR
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Alain Ruscio, historien et spécialiste de la période coloniale, indique dans un article de l’Obs que les Français méconnaissaient largement l’empire colonial. Loin d’être seulement le fait de simples citoyens français, cette ignorance concernait aussi quelques grands auteurs et autres hauts responsables ne manquant pas d’évoquer le Maroc.

D’abord, l’auteur révèle qu’au 31 décembre 1949, l’INSEE avait réalisé un sondage auprès de plus de 4 000 personnes tirées au sort sur les connaissances et l’opinion qu’avaient les Français à propos des colonies. Ainsi, 19% des sondés n’en connaissaient aucune, le plus surprenant étant tout de même que le Maroc arrive en deuxième position des pays cités avec 38%, juste derrière l’Algérie (39%).

Le passage le plus marquant demeure l’anecdote de Georges Pompidou, racontée dans un ouvrage posthume intitulé «Pour rétablir une vérité», paru en 1988. Il était alors chargé de mission, en compagnie du Général de Gaulle et du sultan Mohammed V, qui fut décoré «pour sa fidélité à la France» pendant la guerre : se baladant en Auvergne, il raconte comment «un brave paysan du Cantal» s’exclamât sur le parcours du Sultan et ses proches : «Bravo les nègres !»

Autrement plus diplomatique et cocasse, l’anecdote de l’extrait des négociations de La Celle-Saint-Cloud préparant l’indépendance du Maroc : un délégué marocain s’entend dire en 1955 par un homologue français : «Nous vous donnerons tout ce que vous voudrez, mais laissez-nous Bizerte.»

Aussi le grand romancier Emile Zola parle du Maroc comme d’un pays où «les princes poussent (…) aussi nombreux que les épis de champs», et surtout prend la capitale tunisienne pour une ville marocaine : «Il y a, à Tunis, deux cents, trois cents princes héréditaires…» Enfin, il y a ce Comte de Bourmont, commandant en chef du corps expéditionnaire en Algérie en 1830, qui exhorte, avant sa venue en terre algérienne, «les habitants d’Alger et de toutes les tribus marocaines» à être convaincu qu’il ne vient pas pour les combattre.

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