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Grand Angle

France : Le double fardeau du sexisme et du racisme dans l'emploi

Le 11e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi fait état de discriminations cumulatives à l’égard des femmes, celles-ci étant, en plus du sexisme, sujettes au racisme de certains employeurs.

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Une affiche de sensibilisation à la discrimination à l’embauche en France (2016). / Ph. Ministère français du Travail
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Les conclusions du 11e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi, publié jeudi 27 septembre, font état d’un tableau peu reluisant. «Encore aujourd’hui, les propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes ou liés à l’état de santé au travail, sont minimisés dans les milieux de travail, en particulier lorsqu’ils tentent d’être justifiés par l’humour», écrivent ses coauteurs, le défenseur des droits Jacques Toubon et l’Organisation internationale du travail (OIT).

Le Monde, qui publie aujourd’hui les résultats du baromètre, souligne que ces comportements sont fréquents, trahissant ainsi une situation d’autant plus problématique : l’étude, menée auprès d’un échantillon représentatif de 5 117 personnes, indique qu’un Français sur quatre déclare avoir été victime de propos ou de comportements discriminatoires au travail au cours des cinq dernières années. Et ce sont les femmes qui trinquent le plus : 54% d’entre elles, âgées de 18 à 44 ans et perçues comme non blanches, ont déclaré avoir été victimes de propos ou de comportements discriminatoires, contre 11% des hommes de 35-44 ans perçus comme blancs (remarques homophobes, liées à la religion, etc.).

Sexisme et racisme cumulés

Les discriminations racistes concernent quant à elles avant tout les personnes perçues comme noires (38% des victimes) et arabes (34%), mais aussi celles perçues comme métisses (27%) et asiatiques (26%). Toutes tranches d’âge confondues, 33% des personnes perçues comme non blanches déclarent avoir subi des attitudes racistes, contre 6% des personnes perçues comme blanches. Les coauteurs attirent l’attention sur le fait que les discriminations racistes peuvent être liées à l’origine «réelle» des victimes, mais également à leur origine «supposée» par autrui.

Là encore, les femmes sont plus sujettes aux discriminations cumulées ; le Défenseur des droits et l’OIT notent en effet que toutes ces discriminations sont cumulatives. En d’autres termes, alors que 23% des femmes déclarent avoir subi un comportement sexiste, ce taux monte à 54% lorsqu’on interroge les jeunes femmes perçues comme non blanches, qui se heurtent en plus au racisme de certains employeurs.

Il n’empêche que les hommes ne sont pas épargnés. En mars dernier, une étude sur les discriminations antimusulmans en France avait démontré que les exclusions dans le monde du travail ciblent, par extension, celles et ceux issus de «culture musulmane». Sur la base d’un échantillon de 3 331 candidatures fictives, l’auteure de cette étude, la professeure d’université Marie-Anne Valfort, indiquait qu’un postulant de confession musulmane avait 1,6 fois moins de chances d’être rappelé par un futur employeur, malgré ses compétences égales à un autre candidat.

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